Albert FONTANEAU   1892/1919

 

Fils de Jean-Baptiste et de Marie Nathalie BORDES, Albert FONTANEAU est né le 30 septembre 1892 à Saint-André de Roquelongue dans l’Aude, petite commune du Narbonnais (à 15 km au sud-ouest de Narbonne) qui comptait 1200 habitants à l’époque de sa naissance. Elle héberge l’abbaye de Fonfroide, monument très remarquable, sur son territoire.

 

 

 

C’est probablement un jeune homme un peu agité, il est condamné (avec sursis) en 1909 pour violences et voie de fait.

 

Il passe son conseil de révision vers septembre 1912 à Lézignan. Il est déclaré «bon pour le service armé». Son numéro matricule est le 240/Narbonne. A cette époque il exerce le métier de charretier et il est domicilié chez ses parents à Lézignan.

 

Albert FONTANEAU est incorporé le 8 octobre 1913 pour son service militaire au 56ème régiment d’artillerie de campagne (R.A.C.) stationné au quartier Lepic à Montpellier.

 

Albert FONTANEAU décède le 3 février 1919, il avait 27 ans, dont près de 6 ans passés sous les drapeaux.


A la déclaration de guerre, Albert FONTANEAU reste dans le même régiment qui est affecté comme artillerie divisionnaire à la 31ème division. Constitué de ses troupes actives, complété par ses réservistes, le 56ème Régiment d'Artillerie, composé de 3 groupes de 3 batteries (canons de 75mm) quitte Montpellier dès les premiers jours de la mobilisation. 

 

Aussitôt débarqué, le 14 août, le 1er Groupe (I/56) est mis à la disposition d'une Division de Cavalerie qui opère au nord de la forêt de Parroy. Pendant ce temps, l’ensemble de la 31ème D.I. se regroupe dans la région de Lunéville pour prendre le contact de l'ennemi le 14 août entre Emberménil et Xousse. L'ennemi se replie, et la 31ème D.I. pénètre en Lorraine annexé. Mais, terré dans des positions préparées à l'avance, et malgré notre artillerie, fort gênée par une région boisée, l'ennemi oppose une résistance, très vive; après avoir subi de fortes pertes, découverte à droite et à gauche, la 31ème D.I. doit battre en retraite; le 56ème R.A.C. va soutenir l'infanterie de son mieux au prix de difficultés pour se dégager à travers bois dans un terrain marécageux. Dès ces premiers jours de combat, l'ère des grandes épreuves commence; sans nouvelles, peu  ravi-taillés, harcelés par un adversaire supérieur en nombre, les routes encombrées de convois civils fuyant, les premiers blessés évacués, les lueurs d’incendies allumés çà et là. 

 

Le 20 août, en avant d'Azoudange, protégé seulement par une compagnie, le 56ème quitte ses positions lorsque les premiers éléments ennemis arrivent à moins de 500 m; malgré les balles qui sifflent de toutes parts, malgré l'énervement des chevaux, les canonniers luttant jusqu'au bout, accrochent les trains et ramènent leur matériel. 

un petit groupe d'hommes du 56ème R.A.C.

 

 

 

Quartier Lepic à Montpellier

En l’absence de l’affectation précise d’Albert FONTANEAU, pour cette première période, nous en resterons aux mouvements généraux du régiment.

 

Le 56ème R.A.C. participe à la défense de Lunéville (22 août), puis à la bataille de Morhange et à celle de la Trouée de Charmes. Le 13 septembre le régiment participe à la reprise de Lunéville. Il participe ensuite au combat de la Woevre en septembre et début octobre. Puis le régiment, avec la 31ème D.I., est dirigé vers Compiègne (Oise), pour se préparer à la bataille des Flandres auquel il participe du 27 octobre au 4 février 1915.

 

Début mars, le 56ème R.A.C. est transporté dans la région de Beauséjour en Champagne où, avec la 31ème D.I. puis avec le 31ème C.A. et la Division marocaine, il participe aux attaques de mars. Du 14 au 18 mars, les artilleurs tirent sans répit malgré une violente réaction. L'attaque ne donne pas les résultats qu'on en attendait et le régiment défend le front devant la «Butte du Mesnil » jusqu'au mois de septembre. 

 

Les recherches de positions et d'observatoires se multiplient. Des travaux de toutes sortes surgissent. Les reconnaissances aériennes plus systématiques forcent à la prudence. Les déplacements ont lieu désor-mais la nuit. 

 

Le 25 septembre, l'ordre est enfin donné; l'attaque se déclenche. Le 1er et le 3ème groupe appuyant le 20ème Corps d'Armée ont comme directive la Butte du Mesnil; le 2ème Groupe avec le 1er Corps colonial devant Ville-sur-Tourbe, puis dans le Ravin de la main de Massiges. 

 

Malheureusement, malgré la vaillance et l'énergie développées, l'ennemi, au prix de lourdes pertes d'ailleurs, arrête notre offensive. Aussitôt le régiment est relevé et vient prendre position devant Tahure pour coopérer avec la 31ème D.I.  à l'attaque de la Butte de Tahure. La réaction est très violente; sous un martelage incessant d'obus de 210 et de 305, les batteries en position dans la tranchée d'York vivent des heures pénibles. 

 

A la fin du mois, les 3 groupes sont réunis, et mis en position devant la côte 193 à l'est de Souain. Là ils rejoignent la 31ème D.I. Toutes les attaques allemandes sont repoussées, puis le 56ème RAC reste appui direct du secteur sur le front Butte de Souain-Tahure. 

 

En décembre, il coopère à la défense de la côte 193. Mais, dans ces vallonnements dénudés où la craie et la pluie rendent le camouflage très difficile, les services de renseignements ont découvert peu à peu tous les ouvrages, toutes les positions. Les pistes fréquentées sont l'objet de tirs de surprise. Le secteur devient de plus en plus dur. Aussi, malgré son courage et son dévouement, la Division se fatigue et les pertes subies exigent qu'elle soit retirée de la bataille. 


 

En février 1916, le Régiment entre en secteur à l'est de Soissons et occupe la zone s'étendant de Soupir à Vailly. Le front est très calme. L'artillerie, facilement masquée dans ce pays accidenté et boisé, trouve d'excellentes positions. De solides abris assurent aux sections de repos une sérénité parfaite; des deux côtés la bataille semble s'être apaisée. Le régiment travaille activement à organiser de nouveaux emplacements, participant ainsi à la préparation de l'offensive projetée pour 1917. 

 

Mais depuis le 21 février 1916, une terrible bataille est engagée. L'Allemagne impuissante à la Marne, impuissante à l'Yser, veut atteindre Paris par la Meuse et livre le combat devant Verdun. Mais, malgré les pertes effrayantes, malgré ce bombardement sans exemple, qui fit dire «l'enfer de Verdun » tous les régiments montent bravement et prennent à leur tour leur place au feu. La 31ème D.I. y arrive dans le secteur de Verdun dans la première quinzaine d'août apporter son concours. Au moment où le 56ème débarque à Verdun, de violents combats se sont déjà livrés arrêtant la furie allemande, mais il restait à reconquérir le terrain. Pour cette mission, Pétain avait gardé quelques divisions «fraîches», prêtes à apporter leur utile concours. La 31ème  D.I.  était celles-ci. 

 

Dès le 2 août, les reconnaissances de position sont faites et le 56ème se met en batterie sur le front Thiaumont-Ravin de la Dame. La relève est extrêmement pénible. Elle s'effectue sous un bombardement intensif d'obus de tous calibres, explosifs ou toxiques. Le 1er  Groupe s'établit sur la crête de Belleville. Les 2ème et 3ème au sud du fort St-Michel, la 9ème  batterie en avant, sur les pentes de Froideterre. Les trois régiments de la Division engagent une lutte acharnée aux abords de l'ouvrage de Thiaumont, qui, après 15 jours de combats ininterrompus, est enfin repris, imposant à l'ennemi son premier repli. Dans ces journées terribles, les artilleurs du 56ème méritèrent. Les servants restèrent toujours à leur pièce sans se soucier des obus de, toutes sortes qui tombaient à côté d'eux, malgré l'éclatement de leurs propres canons surchauffés par ces tirs. Les conducteurs les ravitaillèrent nuit et jour sans repos, à travers les barrages d'artillerie et les tirs d'interdiction, sur des pistes sans cesse battues par l’ennemi. Les guetteurs, au mépris du danger, montèrent aux arbres, tandis que tombaient les 210. Les téléphonistes parcoururent avec les masques, jour et nuit, leurs réseaux innombrables de lignes de toute nature. 

 

Après une quinzaine de jours de repos, le régiment, toujours avec la 31ème D.I., prend en défense le front de Fille Morte - Boureuilles. Là, le 56ème, dont les positions de batteries sont assez dissimulées, panse dans le calme automnal ses nombreuses plaies. Jusqu'en janvier 1917, la 31ème D.I. reste ainsi soit en Argonne, soit devant Vauquois.    

 

 

C’est à cette époque, précisément le 28 janvier 1917, qu’Albert FONTANEAU qui a échappé à tous ces durs moments, est transféré vers le 9ème R.A.C. (Artillerie du 16èmeCorps d’Armée) dont le dépôt se trouve à Castres, pour rejoindre une batterie armée de mortiers de 58 mm (une arme d'artillerie de tranchées) qui a été formée en avril 1916.

 

Il est affecté à la 104èmebatterie. Il retrouve son régiment dans le secteur de Bois la Ville, puis la 104ème va se positionner, le 16 février, dans le secteur de la côte du Poivre. Son échelon (cantonnement) se trouve à Thierville et au Bois-la-fille. Le 13 mars, il est relevé. Le 18 mars la batterie se positionne dans le secteur du Mort-Homme, avec son échelon à Blercourt (camp des Chênes clairs). Le 26 avril, il est mis en position dans le secteur du Bois d'Avocourt.

 

Le 15 juin elle est relevée, pour aller exécuter des travaux au Mort-Homme, puis est mis en position toujours au Mort-Homme à partir du 29 juillet. Deux sections sont équipés avec des canons de 80mm de montagne.  A partir du 27 août une partie de la batterie exécute des travaux au Mort-Homme pour le compte du 56ème RAC.

 

La 104ème batterie est reliée le 22 septembre et va cantonner en arrière, à Villafans en Haute-Saone

 

 

La 104èmebatterie est dissoute le 1er octobre, et elle devient la 101èmebatterie du 56èmeR.A.C.    


 

Albert FONTANEAU, suite à la dissolution de la 104ème batterie du 9ème R.A.C., qui devient la 101ème batterie du 56ème R.A.C. retrouve son régiment d’origine, le 1 octobre 1917. Cette batterie est armé de mortiers de 58mm.

 

Le 3 octobre la batterie quitte Villafans, pour Arcy (Doubs), puis Trétudans (Tre de Belfort). Le 4 des sections se positionne au Fort du Fougerais. Le 14 octobre la batterie va cantonner à Anjoutey (Ht Rhin). Une partie de la batterie se positionne à Bourbach-le-bas pour des travaux de construction d'un observatoire au service du 56ème.

 

Le 3 novembre, la 101ème batterie vient cantonner à Hagenbach (Alsace), puis prend position à la Croix-verte. Elle participe de l'attaque du bois de Schonholz avec le 60ème et le 17ème B.C.P. (le 6 et 7 novembre 20 000 obus sont envoyés sur les ligne ennemies).

 

La batterie quitte Hagenbach pour Mortzvillers, le 16 novembre et monte en position à Kreuzwald (secteur d'Aspach) jusqu'au début février 1918.

 

A partir du 6 février, les hommes de la batterie participe à des travaux en ligne. Le 9 elle se positionne au nord et au sud-est de la gare de Brunehaupt

 

Le maréchal Pétain disait que l'Alsace était le secteur «où l'on ne voyait jamais un Boche, où l'on n'entendait jamais siffler un obus». Cette région semblait en effet organisée plus pour un séjour agréable que pour une activité continuelle. Les artilleurs du 56ème ne constatèrent pas la véracité de cette renommée, car les Allemands, voulant camoufler leur grande offensive du printemps, modifient peu à peu leur tactique: démonstrations d'artillerie plus répétées, surveillance du secteur, coups de main successifs, bombardements violents…

 

La batterie prend part, le 23 février, aux coups de main du pont d'Aspach avec la 32ème D.I. et le 60ème B.C.P. Trois artilleurs sont tués et 5 sont blessés et évacués, prouvant qu'ils étaient toujours prêts à accomplir les plus rudes missions. 

 

Le  2 mars, la 101ème batterie du 56ème  quitte Mortzvillers pour Rougémont le-chateau qu'elle quitte le 26 mars après avoir participé à des travaux.

 

Le 1er avril, elle est transférée à Rumont dans l'Oise et elle devient la 116ème batterie du 175ème R.A.T, armé de crapouillot de 58mm.

une tranchée dans le secteur du bois de Schonholz


Albert FONTANEAU, suite à la création du 175ème régiment d’artillerie de tranchées (R.A.T.) formé le 1er avril 1918 et le transfert de la 101èmebatterie du 56ème vers ce régiment, se trouve incorporé à la 116ème batterie du 175èmeR.A.T. Ces nouvelles unités issues des régiments d’artillerie sont crées afin de développer de nouvelles techniques.

 

Les premières batteries de tranchée furent formées dans les dépôts d'artillerie de campagne, ou sur place, au front même, avec des volontaires venant des régiments d'artillerie. Chaque batterie comprenait 12 mortiers. En mars 1918, c'est la création des régiments: 175, 176, 177, 178 èmes Régiments d'Artillerie de Tranchée. Chaque régiment est à 10 Groupes de 4 batteries: 1 ou 2 de 58, 2 ou 1 de 150, 1 de 240.

 

Après de nombreux déplacements. en Picardie, en Artois et dans les Flandres, et la participation à de nombreux travaux, la 116ème est transférée dans la Meuse (Mussey, Seigneulle, Saint-Mard) puis en Seine-et-Marne à Obsonville où, elle est finalement dissoute, le 18 août 1918. 

 

La 116ème batterie du 175ème R.A.T. dissoute et devient la 24ème batterie du 229ème R.A.C. armé de canons de 75 portés


 

Albert FONTANEAU suit le mouvement et le 18 août 1918, il devient membre de la 24ème batterie du 229ème RAC armé de canons de 75mm portés par des chassis automobiles.

 

Le 18 octobre la 24ème batterie quite Obsonville pour Dannemarie en Alsace. Le 25 octobre, elle prend position au Mont Saint Ulrich, le cantonnement se trouvant à Montreux-Jeune, puis le 5 novembre à Sternenberg.

 

Le lendemain de l’armistice le régiment va cantonner à Thann (à l’ouest de Mulhouse), jusqu’au 30 puis le 1erdécembre va cantonner à Cernay. Le 6 décembre on la retrouve à Oberhergheim (entre Mulhouse et Colmar), le lendemain 7 décembre à Turckheïm (à 5 km à l’ouest de Colmar), qu’elle quitte le 3 février pour Rouffach (au sud de Colmar) où elle est dissoute le 18 février.

 


 

Son nom gravé sur le Monument aux Morts de Trèbes       

 

 

                            Sa tombe à la Nécropole nationale de Colmar   >>>>>>>>>

 

Vers la mi-janvier, Albert FONTANEAU est hospitalisé pour à l’hôpital militaire de Colmar pour des complications suite à une grippe contractée en service.

 

Il y décède, probablement d’une broncho-pneumonie, suite d'une grippe, le 3 février 1919 à Colmar.

 

Il est inhumé d’abord au cimetière de Colmar, puis dans la nécropole nationale « Colmar » dans une tombe individuelle carré K, rang 1, tombe n°9.

 

Son acte de décès est transcris dans le registre d’état-civil de la commune de Trèbes à la date du 14 mai 1919.

 

Son nom est gravé sur le monument aux morts de Trèbes.