Fils d’Étienne (cultivateur) et d’Appolonie MARTY, André GUILLES est né le 15 août 1896 à Trèbes.
Lorsqu’il passe son conseil de révision, vers février 1915, à Carcassonne (canton est), il est déclaré apte. Son n° matricule est le 833 / Carcassonne 1916. Il déclare résider dans le hameau de Gaja, à Carcassonne, chez ses parents et exercer le métier de chauffeur d’autos.
Après sa démobilisation, il se mariera le 14 octobre 1919, à Trèbes avec une trébéenne, Marguerite SEGUIN. Ils ne semblent pas avoir eu d’enfants.
André GUILLES décède à Trèbes, à son domicile, d’épuisement ou de maladie des suites de la guerre, le 31 janvier 1921 à 9h.
Son épouse décèdera quelques semaines après (de chagrin ?) le 17 avril 1921.
Mais revenons en arrière. Dès le 18 avril 1915, il n’a pas encore 19 ans, André GUILLES est incorporé au 175ème régiment d’infanterie pour une période de formation de quelques mois, probablement à Grenoble.
Ce régiment a été créé début 1915 à partir de plusieurs dépôts. Le régiment embarque le 4 mars pour les Dardanelles, puis après un court séjour à Lemnos, le 175ème débarque au cap Helles, sur la plage de Sedd-ul- Barhr (presqu'île de Gallipoli, le 27 avril, sous le feu de l'ennemi et repousse dans la même journée deux attaques des Turcs. Les pertes s’élèvent à 13 officiers et 650 soldats
Le 175ème quitte la presqu'ile de Gallipoli le 26 septembre, fait escale à Moudros et débarque à Salonique le 6 octobre 1915. Si André GUILLES a rejoint son régiment c’est probablement à ce moment là. Mais il y a tout lieu de penser qu’il est resté au dépôt et qu'il a suivi ces événements de la métropole.…
Le 175ème régiment se rassemble le 1er novembre dans la région de Rabrovo-Tatarli, pour coopérer à la protection de l'armée serbe en retraite. Du 3 au 20 novembre, de très durs combats sont engagés avec les Bulgares. Au début de décembre, les Bulgares attaquent avec de grandes forces et obligent nos troupes à se replier. Le Vardar est franchi le 9 décembre, la frontière grecque le 12. Le régiment prend part à l'organisation du camp retranché de Salonique
Le 19 octobre le régiment débarque à Vitry-le-François. Il cantonne dans le secteur d’Ablancourt jusqu’au 18 novembre. A la fin de novembre, le régiment revient en Champagne. Il prend la relève, le 28 novembre, dans le sous-secteur de la Courtine, au nord-ouest de Beauséjour. Toute cette région est par son aspect une des plus tragiques du front de Champagne: bouleversée par les gros obus et les mines (le Cratère), sillonnée de tranchées en tous sens, elle apparaît au loin comme une grande steppe blanchâtre. L'on y cherche en vain les bois qui figurent sur la carte (bois de la Truie) et dont remplacement n'est plus marqué que par des troncs réduits à l'état de piquets. Quand on parcourt les lignes, on y trouve un dédale de boyaux et un amoncellement de sacs à terre renforçant les parapets écrasés par l'artillerie et comblant les trous d'obus. Les tranchées alle-mandes et françaises se touchent.
Le régiment passe 6 semaines dans ce secteur peu agité mais bien peu confortable. Un peu de guerre de mines, quelques patrouilles réussies et surtout beaucoup de travaux, voilà la vie du régiment. Pour la 3ème fois le régiment passe le nouvel an aux tranchées. Il est relevé le 8 janvier.
Après un repos dans la région de Châlons jusqu'au 25 janvier 1917, le régiment se rend dans la région de l’Aisne. Il arrive le 6 février dans les carrières de Romain. La grande offensive de printemps se prépare et le 273ème exécute pendant 1 mois les travaux les plus variés: réfection, création, camouflage de routes, dépôts de munitions, transports de matériel, etc. La température très rigoureuse et les conditions d'installation très précaires (grottes) rendent le travail dur et pénible.
Le 12 mars, le 273ème prend la relève dans le sous-secteur du Moulin Rouge, au nord d'Oulches (Chemin des Dames). Le régiment a 2 bataillons en première ligne et un bataillon en soutien, disponible pour les travaux. à l'aile gauche du front de la 51ème D.I (1er C.A.).
Dès la fin de mars, l'ennemi, qui, de l’observatoire de Californie, a remarqué notre activité, est en éveil. Il réagit avec une artillerie considérablement renforcée; il bombarde sans arrêt nos cantonnements de l'arrière, bondés de troupes (Beaurieux), nos parcs, nos bivouacs, les ponts de l'Aisne, les dépôts de munitions échelonnés le long des routes.
La préparation d'artillerie, qui doit durer 5 jours, commence le 10 avril. Elle est très gênée dans ses réglages par un temps de pluie, de vent et de brouillard. Nos batteries sont violemment contrebattues par l'adversaire.
Le 1er corps, avec 4 divisions, a pour mission d'enlever Corbeny, Chevreux, Craonne et tout le plateau de Vauclerc, de traverser la forêt de Vauclerc, de franchir l'Ailette, de dépasser le plateau de la Bove et de pousser jusqu'aux hauteurs du Vieux-Laon. Les premiers objectifs sont certainement les plus fortement organisés du Chemin des Dames, grâce aux facilités offertes par le terrain.
Lorsque, le 16 avril à 6h, les divisions d'attaque sortent de leurs tranchées de départ, elles tombent sous des tirs de mitrailleuses et des tirs de barrage tellement denses que les premières lignes seules sont enlevées; les pertes subies ne permettent pas de pousser plus loin.
Le 5ème bataillon du 273ème avance aussi loin que le permet la progression des unités qui l'encadrent. Dès 7h du matin, il a fait une quarantaine de prisonniers, pris deux mitrailleuses, un minen et plusieurs centaines de torpilles. Bientôt il atteint les lisières sud du bois B2 mais ne peut les dépasser, étant déjà en flèche. Il a ainsi enlevé de haute lutte une position de première importance par les vues qu'elle donne sur Bouconville et le plateau de la Bove et par les feux d'enfilade qu'elle permet de diriger sur les positions allemandes du bois B1. Aussi les mitrailleurs font-ils merveille et arrêtent net toute contre-attaque. Pendant ce temps, les deux autres bataillons du 273ème marchant dans le sillage du 43ème R.I., se sont portés jusque sur les pentes du plateau de Vauclerc, franchissent le carrefour de Craonnelle. Le 273ème dépasse le moulin de Vauclerc et vient buter sur les vagues d'assaut stoppées du 43ème R.I. Le bombardement ennemi reprend avec une violence nouvelle. Pendant 2 jours, stoïque sous l'avalanche des obus, le 273ème, à contrepente du plateau de Vauclerc, sous la pluie, sous la neige, s'accroche au sol. Les pertes sont lourdes.
Le 22 avril, il est relevé. Quinze longues étapes amènent le régiment au camp de Sainte-Tanche (camp de Mailly) où il poursuit son instruction jusqu'au 10 juin. Le mois de juin s'achève dans de bons cantonnements de la région de Provins (Donnemarie-en-Montois, Dontilly).
Après ces moments difficiles, les 6 semaines de repos à Vieille-Église du 30 octobre au 6 décembre est une récompense appréciée de tous. Le 2 décembre, revue de la 51ème D.I. par le roi Albert et la reine Élisabeth sur le terrain d'aviation de Saint-Pol. Le roi Albert, qui passe devant les drapeaux, s'arrête longuement devant celui du 273ème qu'un vent furieux secoue et semble devoir mettre en pièces.
Le 6 décembre, le 273ème quitte la zone de Vieille-Église et embarque pour Lillers puis de là, à pied, se rend jusqu’à Meaux qu’il atteint le 24 décembre, ayant franchi plus de 200 km malgré le froid très vif, la neige abondante et le mauvais état des routes. Du 24 décembre au 26 janvier 1918), le régiment est au repos. La proximité de Paris permet de fréquentes excursions dans la capitale.
Le 26 janvier 1918, le 273ème quitte ce séjour pour le camp de Chéry-Chartreuse. Il n'y séjourne que 5 jours. Dès le 4 février, installé à Revillon (6ème), à Maizy (5ème), à Beaurieux (4ème), pour préparer la seconde position de défense sur la rive sud de l'Aisne. Il s'agit, en appliquant sur le terrain les récentes instructions du G.Q.G. sur le flanquement, les G.C. et l'échelonnement en profondeur, de barrer à l'ennemi la route de Paris, lors de la formidable offensive qu'il nous annonce.
Le 7 mars, le 273ème R.I. prend la relève dans le sous-secteur C, le plateau de Californie avec les ruines de Craonne. Ils se préoccupent avant tout d'organiser le réduit de Californie. Des tonnes de fils de fer barbelé sont hissées sur le plateau à dos d'hommes ou de bourriquots. Des tranchées nouvelles (tranchée de l'Éperon) sont creusées, des abris bétonnés pour mitrailleuses sont entrepris. Tout est prévu pour en faire un véritable bastion fermé sur ses quatre faces. De nombreux coups de main sont exécutés et des patrouilles très fréquentes essaient de les renseigner sur les intentions de l'ennemi et de ramener des prisonniers.
Des coups de main montés avec préparation d'artillerie sont tentés le 2 avril par la 19ème compagnie, le 15 avril par le groupe de patrouilleurs du 5ème bataillon, le 27 avril par les patrouilleurs du 6ème bataillon. Le 2 mai enfin, ce sont les patrouilleurs de la 14ème compagnie. A chaque reprise, l'ennemi évacue ses positions avant. Ce sont ses propres reconnaissances qui vont nous valoir des prisonniers. Cette activité incessante, pourtant dans un secteur calme n'est pas sans occasionner des pertes.
Le 21 mars, la matinée est calme. Un brouillard épais empêche de rien distinguer à plus de 50m. A 11h, un brusque bombardement d'une extrême violence se déclenche. Il dure tout l'après-midi, ne diminue légèrement d'intensité qu'à partir de 16h, mais ne s'éteint que vers 19h. Est-ce l'attaque pour le lendemain? Le dispositif d'alerte est pris dans tout le secteur. Mais ce n'est qu'une fausse alerte. La vie de secteur reprend jusqu'au début de mai.
Dans la nuit du 6 au 7 mai commence la relève de la 51ème D.I par les britanniques. Tout le régiment est réuni le 9 mai à Braine, d’où il embarque le 12 pour la région de Beauvais, et où il passe une courte période de repos et d'instruction jusqu'au 28 mai. De fréquents exercices d'attaque, en liaison avec les chars légers Renault, préparent la troupe à une contre-offensive.
Le 27 mai, c'est l'ennemi qui attaque. Il enfonce les positions du Chemin des Dames que le 273ème tenait il y a moins de 3 semaines. En fin de journée, il commence à traverser l'Aisne. Il déborde la seconde position que nous organisions il y a 3 mois. Après la prise de Soissons, et quand il essaie d'atteindre et de tourner la forêt de Villers-Cotterêts (forêt de Retz), la tâche va incomber à la 51èmeD.I. de l'arrêter.
Pendant 5 jours de combats ininterrompus, du 31 mai au 4 juin, le 273ème R.I., au départ de Coeuvres-St Pierre va d'abord marcher résolument à l'ennemi jusqu'à l'ouest de l'Échelle, résister aux tentatives de débor-dement sur la droite par Vierzy vers Vertefeuille et la forêt de Retz, sur la gauche par Chaudun vers Dommiers et, l'ennemi parvenu à la lisière du bois du Quesnoy, l'arrêter net. Le couvert fourni par le bois du Quesnoy est vite dépassé et la marche d'approche se poursuitpendant plus de 4 kilomètres sur un plateau entièrement découvert aux vues des drachens ennemis. Le temps est magnifique. A travers les blés du Soissonnais, en dépit de l'artillerie qui bat les crêtes, en dépit de l'aviation ennemie qui les survole à moins de 100 mm, les colonnes s'échelonnent.
L'attaque doit déboucher du chemin allant de Chaudun au ravin est de Vaux-Castille. A l'heure dite le 4ème bataillon franchit le réseau de fils de fer et, accueilli par un feu nourri de mitrailleuses, continue néanmoins à progresser. A la nuit, le 4ème bataillon se trouve ainsi complètement en flèche. Les pertes de la journée sont d'une cinquantaine de tués et d'une centaine de blessés.
Le 1er juin, dès le matin, l'ennemi bombarde violemment le village de Vierzy. L'ennemi, qui tient les lisières est de Villers-Hélon, tente de déborder par la droite. A 12h30, la menace se précise. Le 5ème bataillon se replie lentement et en ordre vers la tour de Vierzy. En même temps, pour conjurer le débordement, le 4ème bataillon est poussé en avant et se porte dans le ravin de Vierzy-Longpont. La 15ème compagnie réduite à deux sections quitte Beaurepaire pour marcher vers la tour. Les derniers élé-ments du 5ème bataillon s'y accrochent désespérément. De son côté, la 17ème compagnie se cramponne toujours à la sucrerie et ne se replie qu'à toute extrémité vers Vaux-Castille.
A gauche, le 6ème bataillon, celui d'André, très éprouvé, se reporte sur la ligne Chaudun-La Tour. En fin de journée, la ligne se stabilise le long du ravin de la Cote 137. Pour ANDRÉ GUILLES, la bataille s’arrête là, il est porté disparu. On apprendra par la suite qu’il a été fait prisonnier.
Mais pour le régiment elle continu jusqu’au 4 juin. Il y perdra les 2/3 de son effectif.
André GUILLES est affecté au 273ème régiment (51ème division), le 26 août 1916. Le 273ème R.I. est le régiment de réserve du 73ème R.I. (Béthune), il est dans la Somme depuis le 14 juin 1917. Après 6 jours de repos, le 31 juillet le régiment remonte en ligne dans le secteur du bois Trinck et du bois Étoilé (Vermandovillers). Le secteur est calme. Jusqu'au 20 août, les bataillons du régiment alternent et viennent prendre leur repos à Harbonnières, où le D.D. se reconstitue avec les 16ème, 20ème et 24ème compagnies. C’est là qu’André GUILLES rejoint son régiment, il est affecté au 6ème bataillon (et peut-être à la 24ème compagnie ?).
Après 8 jours de repos (Rocquencourt), le régiment est ramené en ligne légèrement plus au sud. Il doit prendre part à une attaque partielle au sud de Vermandovillers. L'attaque a lieu le 6 septembre, à 16 h. Grâce aux habiles dispositions prises, le bois Blockhaus, qui avait résisté le 4 septembre, est enlevé presque sans pertes. Immédiatement commence le travail d'organisation du terrain conquis.
Le 17 septembre, nouvelle attaque. Le 6ème bataillon doit profiter de cette attaque pour pousser ses barrages dans les boyaux Serpentin et Kupfer. L'attaque réussit partiellement. Les barrages du 273ème sont poussés à proximité immédiate de la tranchée Guillaume. Mais l'ennemi réagit toute la nuit. La lutte de grenades est très vive.
La pluie tombe sans cesse, rendant le secteur littéralement impraticable. Dans les tranchées, l'air est empuanti par l'odeur des cadavres que l'on ne peut ni incinérer, ni ensevelir. Quand le régiment descend au repos le 23 septembre, son effectif est réduit d'un tiers. A Gaix, il reçoit des renforts.
Après 8 jours de repos, le 273ème doit attaquer le bois de Chaulnes et les positions allemandes au nord-ouest de Chaulnes. Il est dans le secteur de Minengraben, à l'est de Lihons. Il doit attaquer la tranchée Guillaume le 10 octobre. Il a 2 bataillons en 1ère ligne, (le 6ème au sud et le 4ème au nord). Ils doivent s'emparer de tout le système défensif ennemi entre le boyau Serpentin et le bois de Chaulnes sur une profondeur de 1.500 m à l'ouest d'Ablaincourt. L'heure de l'assaut est fixée à 11 h. Le 6ème bataillon atteint tous ses objectifs. A 11h45, le dernier objectif, la tranchée du Saucisson, est atteint. Le 4ème bataillon progresse plus difficilement. Un îlot de résistance sur la tranchée Guillaume s'oppose à l'avance de ses éléments au centre et rompt l'unité de progression. Après un combat acharné où se distinguent les grenadiers, la position est emportée. L'organisation du terrain conquis commence immédiatement. Elle est rendue plus facile par le silence presque complet de l'artillerie allemande: l'ennemi, menacé par notre avance, recule ses batteries. Vers 21 h, l'ordre vient d'attaquer par surprise sans préparation d'artillerie et d'occuper la ligne boyau du Sillon—ouvrage 37-77-ouvrage du Haricot. Il s'agit de profiter du succès des troupes à notre gauche qui auraient atteint, en progressant du nord au sud, les lisières nord d'Ablaincourt. Le régiment a 2 bataillons en ligne (le 5ème au nord, le 6ème au sud). Le 4ème bataillon, plus éprouvé, est en soutien. L'attaque se déclenche à 3 h du matin, le 11 octobre. Cette fois l’attaque échoue malgré des actes de bravoures. Le lendemain, le régiment était relevé. Les journées ont coûté 14 officiers et 400 hommes de troupe. En 4 mois, coupés par 2 semaines de repos, le 273ème, qui a pris part à toute la bataille de la Somme, mérite sa citation.
cantonnement dans les carrières
Le 2 juillet, le 273ème s'embarque pour Bergues. A partir du 10 juillet, le 5ème bataillon va occuper à Remsighe des positions de réserve. Des reconnaissances quotidiennes permettent aux cadres d'acquérir une connaissance approfondie du secteur offensif du 1er C.A. C'est la plaine flamande avec son sol spongieux, gorgé d'eau, ses tranchées et boyaux tout en relief, mais que l'on distingue à peine dans les hautes herbes et la verdure, ses abris bétonnés, cuirassés de rails d'acier, extrêmement résistants, son lacis de canaux et ses vastes marécages qui se relèvent graduellement vers la forêt d'Houthulst. C'est ce terrain difficile qui été a choisi pour la nouvelle offensive: il s'agit de dégager la côte belge où sont installées les principales bases des sous-marins allemands. Les jours de repos et d'instruction du 17 au 29 juillet à Killem sont largement mis à profit: exercices de franchissement de passerelle sur le canal, exercices de liaison avec l'aviation. Des plans directeurs permettent de suivre journellement les progrès de notre préparation d'artillerie.
Les reconnaissances, effectuées par le groupe franc du 273ème, ont permis de se rendre compte que l'ennemi, pulvérisé par notre bombardement, a évacué toutes ses premières lignes. Dans la nuit du 27 au 28 juillet, le groupe franc a franchi le canal de l'Yser, reconnu les abords du boyau de la Relève, la maison de la Relève et poussé jusqu'à la 2 ligne ennemie. Dans la nuit du 29 au 30, ils renouvellent leur exploit, dépassent la 2ème ligne et arrivent à moins de 60 m de la lisière du bois Triangulaire où seul le tir trop court du 75 les arrête.
Le 31 juillet, à 3h 50, les troupes d'attaque franchissent le canal de l'Yser et atteignent en trois bonds les objectifs assignés. Le 273ème est en réserve du C.A. Les pionniers du 273ème ont travaillé toute la nuit à la pose des passerelles sur le canal. Dans la journée, la construction des ponts est confiée au 6ème bataillon. Une tâche plus glorieuse est réservée au 4ème bataillon, il lui incombe le soin d'exploiter le succès. Dès que les premiers objectifs assignés aux troupes d'attaque ont été atteints, le 4ème bataillon pousse 3 reconnaissances sur Bixschoote. Les éléments avancés du 273ème pénètrent dans le village avec les vagues d'assaut, survolés à moins de 50 m. la reconnaissance aéronautique (C. 17).
Bientôt tout le régiment, qui était réserve de C.A., est porté en avant et dès le 2 août, il prend la relève aux lisières nord et nord-est de Bixschoote et commence immédiatement l'aménagement de la position conquise. Le travail est pénible. La préparation d'artillerie a transformé les lignes ennemies en un champ d'entonnoirs jointifs. Sur 800 m à l'est du canal de l'Yser, le terrain n'est plus qu'un vaste marécage. La pluie ne cesse de tomber et l'artillerie ennemie réagit vigoureusement. Ni boyaux, ni tranchées, une piste à peine tracée que jalonne un mince cordon.
Dans la nuit du 5 au 6, le 273ème est relevé mais ce séjour dans l'eau, dans la boue, sous le bombardement, ce paysage lunaire c'est une vision tenace. Après 12 jours de repos, le régiment se rend à Oost-Vleteren. Le secteur de Poesele a plus d'un point de ressemblance avec le secteur de Bixschoote. Ni boyaux, ni tranchées, l'eau affleure à 10 centimètres: tout le travail doit être fait en superstructure. Heureusement, l’artillerie n'a pas complètement démoli les abris bétonnés des Allemands ! Les inonda-tions du Martjevaart tendent entre l'ennemi et nous un filet protecteur. Le bombardement est relativement faible. Il n'y a que la tête de pont de Drie Grachten qui puisse être menacée d'un retour offensif de l'ennemi. Le 15 septembre, relève par les fusiliers marins.
Après une période de repos, il participe, le 9 octobre, à une autre attaque en direction de la ferme Papegoëd et de la ferme de laVictoire. Le 273ème R.I., qui a quitté Sainte-Marie-Kerque le 4 octobre et qui est placé en réserve sur la rive droite du canal de l'Yser, mais il n'a pas à intervenir. Son rôle se borne à fournir des travailleurs et à ravitailler les unités en ligne, tâche obscure, mais pénible, la nuit, sous les obus toxiques !
Dans la nuit du 15 au 16 octobre, le 273ème prend la relève dans le secteur de Bixschoote. Le secteur est plus agité que celui de Poesele, mais les travaux d'aménagement n'en sont pas moins activement poussés. La barrière d'eau du Saint-Jaansbeek n'arrête pas nos patrouilles qui étudient les passages en vue de préparer une attaque programmée fin d'octobre. Plusieurs reconnaissances sont menées le 18 et le 21 octobre.
Le 27 octobre, une opération est menée par le 6ème bataillon, soutenu par le 4ème afin de s’emparer de la presqu'île de Luighem qui s'allonge entre le Martjevaart, à l'ouest, l'Yser et le lac Blankart, bordée de trois côtés par des marécages, elle n'est abordable que par le sud. L'heure projetée est 13h. A partir de 11h45, le 6ème bataillon commence à franchir le pont de Langewaede, c'est-à-dire le gué du Martjevaart, à proximité du pont détruit, car aucune passerelle n'existe. Le gué n'a pas 1m de large et a plus de 1,20m de profondeur. Tout le bataillon doit défiler en colonne par un, les hommes ayant de l'eau jusqu'au ventre. Mieux vaut encore ce bain glacé que la région marécageuse qui s'étend sur l'autre rive pendant plusieurs centaines de mètres. Là, les plus robustes eux-mêmes risquent de s'enliser tour à tour dans cet océan de boue. Là-dessus, le tir d'inter-diction de l'ennemi qui arrose méthodiquement le passage par des obus de 105. La situation est critique, mais avant tout, il faut assurer le passage. Environné de morts et de blessés, la file interminable des deux bataillons s’engage sur le gué.
A 16h, le commandant de l’opération ne dispose que d'une partie de ses unités, mais il se porte en avant. A 17h15 il a atteint tous ses objectifs. Il lance immédiatement 5 reconnaissances prévues pour le nettoyage complet de la presqu'île et trouve, au petit jour, la liaison avec l'armée belge. Le nombre total des prisonniers faits s'élève à 46 dont un officier. Trois minenwerfer légers, deux mitrailleuses, neuf granatenwerfer, 200 obus de 77 de tranchée, 35.000 cartouches, un important dépôt de vivres et d'eau minérale ont aussi été pris. Après le dur passage du Martjevaart à Langewaade, après les champs d'entonnoir de Merckem, Luighem, c'est la douceur de la campagne flamande, avec ses abris bétonnés confor-tables et «colossaux», avec ses prés, ses bois, sa végétation intacte.
Le 28 octobre, les fusiliers marins prennent la relève. Le 6ème bataillon est cité à l'ordre de 1ère Armée. Pendant toute l'offensive les pertes ont été assez faibles. Il semble qu’André GUILLES, donc membre du 6ème bataillon, ait joué un rôle remarquable puisqu’une citation est sollicitée pour lui (cf fiche matricule).
un petit groupe de prisonniers à Gardelegen
André GUILLES est interné en Allemagne à Gardelegen Le camp de prisonnier de Gardelegen était situé dans le land actuel de Saxe-Anhalt, entre Berlin et Hanovre.
Il s'agit d'un camp principal pour hommes de troupe à proximité d'une forêt de pins, dirigé par le Colonel GRüNER (dont le camp deviendra dans les dernières années de guerre un camp modèle), les prisonniers sont militaires Français, Belges, Anglais et Russes. Le camp, qui retient environ 12.000 prisonniers, et mesure environ 350 mètres par 550, est entouré de plusieurs rangs de fil de fer barbelés, à l'intérieurs desquels un chemin sépare les deux bataillons s'y trouvant. environ 150 hommes par baraque, 6 baraques par compagnie, et 4 compagnies par bataillon (2 en tout). De nouveaux barbelés séparent les compagnies entre elles. Le sol, fait de sable, se transforme en boue l'hiver, et en poussière l'été. Une troupe de théâtre y est créée. Chaque jour, l'appel est de rigueur.
A l'intérieur de chaque baraque, une série de paillasses en fibre de bois sur 4 rangs. Trois "repas" y sont donnés par jour : au réveil, café de glands, à midi et le soir, soupe de farine d'os ou de marrons d'Inde, agrémentée de quelques rutabagas et autres éléments non identifiables, et un morceau de pain KK (Kleie und Kartoffeln – son et pommes de terre), la ration journalière est immangeable et insuffisante. Une feuillée (toilettes rudimentaires) est installée au milieu des enclos des compagnies, elle servira de "petit salon de discussion", rendez-vous à ne pas manquer. Chaque Dimanche, plusieurs messes s'y tiennent. Les mandats envoyés par les familles ne servent pas beaucoup, le troc est roi pour toutes sortes de transactions. Le journal (clandestin) du camp se nomme "L'Exil". Un seul journal est autorisé "La Gazette des Ardennes", distribuée gratuitement par les Allemands.
Il y restera 6 mois. André GUILLES est rapatrié le 18 novembre 1918.
Après quelques semaines de permission à son domicile, durant lesquelles, il fait la connaissance (ou retrouve ?) celle qui deviendra son épouse, André GUILLES est affecté au 143ème RI, le 20 janvier 1919 et affecté à la «Compagnie de chemins de fer du Midi» qui manque de bras, le 19 février.
Il sera finalement démobilisé le 30 septembre 1919. Il retrouve son domicile à Trèbes et se marie le 14 octobre 1919 à Trèbes.
Le plaisir sera de courte durée, à peine une année. André GUILLES décède le 31 janvier 1921, à son domicile à Trèbes. Il avait à peine 24 ans
Tombe d'André GUILLES