Devant le désastre humain, les structures hospitalières militaires et civiles traditionnelles n'y suffisent plus. Une mobilisation générale, là aussi, a lieu et la Société française de Secours aux Blessés Militaires (S.S.B.M.), future "Croix Rouge", et les bénévoles sont mis à contribution.
A Trèbes, comme partout des comités locaux s'organisent. Celui qui nous intéresse l'est à l'initiative d'Antoinette BARBAZA, l'épouse du Maire, François JOUGLA, le minotier, qui a été élu en 1910. Elle a 38 ans et une bonne dose de volonté. Elle recrute autour d'elle ses amies, ses connaissances, son personnel... C'est ainsi que Marguerite BONNAFOUS est recruté. Elle a le même âge que Mme JOUGLA et son mari Jean MAHOUX travaille à la minoterie Jougla depuis une dizaine d'années.
Un local est trouvé, grâce au concours des autorités religieuses, ce sera l'école "libre" Saint Charles, rue des Fargues.
On rassemble du mobilier qu'on installe dans les salles de classes. Il y aura 25 places et il est fonctionnel à partir du 26 septembre. Les bonnes volontés n'ont pas chômées. L'hôpital auxiliaire n° 16 (de l'Aude) est né. Il fonctionnera jusqu'au 19 novembre 1916.
<< Une salle d'un hôpital auxiliaire. Il n'est pas certain que celles de Trèbes aient été aussi parfaites, mais l'esprit y est.
L'hôpital auxiliaire est géré par la Croix-Rouge
Le Mouvement Croix-Rouge arrive en France le 25 mai 1864, avec la création, sous l'impulsion d'Henri Dunant lui-même, de la Société française de Secours aux Blessés Militaires (SSBM). Cette société est reconnue par le Comité Internationale de Secours aux Blessés, créé l'année précédente par Henri Dunant et dépositaire de l'emblème (première Convention de Genève du 22 août 1864). Comme son nom l'indique, son but est d'abord de prendre en charge les militaires mis hors de combat lors de conflits sur le territoire français. Elle réunit sa première assemblée générale le 11 mars 1865 et est reconnue d'utilité publique le 23 juin 1866. Elle recevra malheureusement très vite son « baptême du feu », puisque la guerre franco-prussienne éclate en 1870 et est suivie en 1871 d'une période insurrectionnelle à Paris d'abord puis dans différentes villes françaises.
À partir de 1907, à l'initiative de Suzanne Pérouze, est créé le Comité Central de la Croix-Rouge française (CCCRF) à vocation civile.
Les crues de la Seine et de la Loire de 1910 seront l'occasion des premières opérations d'envergure en temps de paix et au profit des populations civiles, des centres d'hébergements sont mis en place, de l'aide alimentaire et des vêtements distribués.
Mais bientôt éclate la Première Guerre mondiale, et la SSBM reprend le chemin des champs de batailles.
Sur le front, elle met en place des « ambulances chirurgicales ». À l'arrière, les deux ADF et UFF ne sont pas en reste : organisation d'hôpitaux militaires (environ 1 400 à
la fin du conflit), formation et encadrement de 68 000 infirmières, mise en place de péniches-ambulances pour la partie soins médicaux, mais aussi création de sanatoriums, de cantines de gares, d'ouvroirs, aides aux
soldats (colis), ouverture d'une agence des prisonniers de guerre (1,5 million de fiches recensées).
En un peu plus de 2 années ce furent 344 blessés ou malades qui ont été soigné dans cet établissement.
On eut à déplorer (heureusement) que 2 décès:
un lillois, Arthur LECLERCQ, né le 4 juin 1891 à Lille (59) et mort le 11 octobre 1914 des suites d'une maladie contractée au service (fièvre typhoïde)
Il était artilleur, brancardier, du 17ème RAC en garnison à La Fère.
et
un berrichon, Adrien MERY, né le 20 décembre 1883, à Neuvy Pailloux (36) et mort le 18 novembre 1914, des suites de blessures contractées au front. C'était un fantassin du 13ème régiment d'infanterie, en garnison à Nevers.
Parmi les bonnes âmes qui firent fonctionner ce havre de paix et aussi de souffrances, on remarquera Marguerite BONNAFOUS, qui était la fille d’Amélie BONNAFOUS. Elle était née en 1876 à Trèbes. Elle épousa Jean MAHOUX en 1898, il était meunier à la minoterie Jougla, au bord du canal du midi. Ils auront au moins deux filles: Amélie et Marie-jeanne. Amélie épousa Julien SIÉ, dont nous retrouverons une fiche un peu plus tard.
Elle se dévouera sans compter, consacra beaucoup de son temps à soigner, à assister, à rassurer, à consoler durant ces deux années où l'hôpital fonctionna. On la distingue parfaitement sur les deux photos ci-dessus.
Elle en fut récompensée par la gratitude de ses petits malades, mais aussi par une décoration, "l'Insigne spécal" témoignage de reconnaissance du Ministre de la Guerre pour son dévouement.
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Cet hôpital, qui ne fonctionna que deux années, est resté dans les mémoires collectives puisqu'encore aujourd'hui, un immeuble de 3 étages, construit à la place de l'école Saint Charles, est surnommé l'Ambulance.