* Biffe, Biffin Mot d’argot détourné de son sens original de chiffonnier et adopté, par dérision, par les fantassins pour se définir. Le biffin est celui, miséreux, qui gagne sa vie en récupérant et revendant les objets usagés dont les autres ne veulent plus. Le fantassin s’est assimilé à cet être errant, sans ressources, sale, mal habillé, rejeté par la société bien pensante.
Le barda, les marches, le rata, les corvées, ce ne sont que quelques mots, mais ils résument 80% de la vie du soldat.
Le barda: en argot des combattants, désigne l'équipement du soldat. Le terme prend souvent une connotation négative en raison du poids de celui-ci, qui peut dépasser les 30 ou 35 kg, et de la pénibilité qu'il y a à s'équiper et à se déséquiper aux tranchées, comme au cantonnement, sans compter les revues de détail.
Le poids de 30 à 35 kg ne semble pas exagéré: havresac contenant chemises et chaussettes de rechange, nécessaire de couture, d’entretien de l'arme, une couverture, une toile de tente, les sardines et des piquets, un ustensile de campement collectif, la gamelle individuelle, un outil portatif, des vivres de réserve, les 3 cartouchières et 120 cartouches, la veste (rangée doublure à l'extérieur), le bonnet de police, les effets personnels, le bidon rempli, la musette avec les vivres du jour, couverts, ouvre-boîte et quart, le fusil et la baïonnette et son gousset, des chaussures de repos et le réglementaire fagot de bois pour le campement…
Les marches (et contre-marches)...: elles sont fréquentes, longues (parfois plus de 30 km par jour), épuisantes, sous la pluie ou en pleine chaleur. Au mois d'âoût 1914, les hommes souffrirent beaucoup de la chaleur.
Le rata: initialement abréviation de ratatouille: désigne dans l'argot des combattants d'abord le ragout de pommes de terre ou de haricots, puis plus généralement la nourriture
préparée dans les "roulantes".
Les corvées: désignation générale de tous les travaux pénibles, susceptibles d'être effectués par les combattants, au front comme au cantonnement. Les corvées sont de nature très diverses : de pluches (cuisine), d'eau, de feuillées (sanitaires), de réparation des installations, des tranchées, des barbelés,...Le terme finit par désigner les hommes qui sont chargés de les accomplir.
Deux modèles de havresacs ou "as de carreau"
L'équipement (le barda) du fantassin en 1914
Son uniforme :
- une paire de brodequins
- des jambières en cuir
- un pantalon rouge garance avec en dessous un caleçon
- une paire de bretelles
- une chemise
- un képi rouge et bleu
- un ceinturon avec plaque
- un mouchoir
- une cravate de coton, bleue
- une capote de toile bleue.
Dans le sac à dos ou havresac (avec cadre en bois):
- des lacets de rechange
- une seconde chemise
- un bonnet de police
- un élément de toile de tente collective
Dans la musette :
- une autre paire de chaussure
- une baguette de fusil
- la gamelle et divers ustensiles: ouvre boite, quart, seau en toile. La gourde le 1 litre quand elle n'était pas attachée au côté.
- les vivres du jour
La "roulante", c'est une cuisine mobile qui permet de préparer des repas chauds. mais, elle ne suit pas toujours et les hommes doivent souvent se contenter d'un morceau de pain et de ce qu'ils peuvent "dégoter"...Souvent la faim est présente dans les "mémoires" des soldats.
Une compagnie (+/- 350 h.) "de corvée" pour creuser une tranchées de défense.
Ces travaux, sans cesse recommencés, sont le véritable quotidien du soldat, dès le 15 septembre 1914.