André Marius LAGASSÉ, fils de Joseph et de Marie-Anne COULON, est né le 5 novembre 1893 à Trèbes, commune située à 6 km à l'est de Carcassonne, au sud de la France. Son emplacement stratégique sur la route entre la Méditerranée et l'océan Atlantique est connu depuis le néolithique. La ville se trouve dans un couloir entre montagne Noire au nord, Corbières au sud-est, et la vallée de l'Aude au sud. Sa superficie est de 16,36 km² ce qui en fait une grande commune pour le département de l'Aude. Ses voisines sont Berriac, Bouilhonnac et Villedubert. Elle est peuplée de 1100 habitants en 1793, 1850 en 1893 et près de 2000 trébéens et trébéennes en 1914. Traversée par le canal du midi, au cœur d’une région viticole, son port a été très actif.
Ses parents s’y sont mariés en 1890. Son père est cultivateur, petit propriétaire, et avec sa mère, ils se désignent comme jardiniers. Deuxième d’une famille de 7 enfants, il passe son enfance au pied du clocher de l’église St-Etienne et après quelques années sur les bancs de l’école, il fait, lui-même, son apprentissage de jardinier. C’est le métier qu’il déclare et qu’il exerce à Trèbes lors du conseil de révision qu’il passe à Capendu en septembre 1913. Son n° matricule au recrutement est le 398/Narbonne, et il a été déclaré apte.
Il effectue son service militaire à partir du 27 novembre 1913, au 6ème Bataillon alpin de chasseurs à pied B.A.C.P. (Nice). A la mobilisation, il y reste.
Il est probablement célibataire.
Il décède le 22 juillet 1915 au Petit Reichsackerhopf (Alsace)
Ce régiment appartient à 29ème D.I. d'août à novembre 1914 et à la 47e D.I. de janvier 1915 à mars 1916. Au moment de sa mobilisation, le 6ème BCA compte 27 officiers et 1690 hommes. Il est débarqué à Vézelise (Meurthe-et-Moselle) le 10 août 1914 puis dirigé sur la Lorraine. Il forme, avec les 23ème, 24ème et 27ème BCA, un groupe alpin.
Le 1er engagement sérieux du bataillon a lieu le 19 août aux environs de Dieuze et dans le village de Verguaville. Il y subit de grosses pertes mais s’accroche au terrain conquit. Finalement l’ordre de couvrir la retraite de la division est donné. Puis c’est l’attaque sur Mortagne pendant le 25 et le 26 août. Le bataillon capture plus de 1000 prisonniers et un nombreux matériel. Le 1er septembre, il prend d’as-saut la cote 278 (bois et ferme du Fréhaut).
Du 4 au 10 septembre le bataillon est engagé dans la bataille de la Marne, où il est cité à l’ordre de la 29ème division « Pour la ténacité et le dévouement dont ils ont fait preuve aux combats de Vassincourt, se conformant ainsi à l’ordre du général commandant en chef: «Tenir jusqu’au sacrifice complet».
Du 24 septembre au 29 octobre, le bataillon est en Argonne, autour de Vauquois. Puis au mois de novembre, c’est la bataille de l’Yser. En décembre 1914 et janvier 1915, il participe à l’offensive d’Artois.
Le 6 mars, le 6ème BACP «a emporté, avec le 23ème ba-taillon, la position du Reichsakerkopf et résisté victorieusement aux contre-attaques des meilleures troupes prussiennes actives qui, de leur côté, ont combattu avec la plus grande bravoure au prix de lourdes pertes. Le commandant adresse ses félici-tations aux … chasseurs, qui ont affirmé une fois de plus leur supériorité.»
Le 7 mars, et pendant tout le mois, le bataillon livre des combats héroïques au petit et au grand Reichsaker. Il y perd quasiment la moitié de ses effectifs. «Le 7 mars, à 16 h, les Allemands tentaient, par une contre-attaque désespérée et menée par les meilleurs régiments actifs, de reprendre la position du Reichsakerkopf, qui domine Munster. Au moment où l’ennemi, 3 fois supérieur en nombre, réussissait à prendre pied dans une de nos tranchées, le capitaine Haas, commandant la 6ème Cie, jusqu’ alors en réserve, s’élança à la tête de ses braves chasseurs et mit les Prussiens en complète déroute. Le capitaine Haas a été tué d’une balle à la tête, au moment où il assurait la victoire. Le commandant salue, au nom de tous, la mémoire de ce vaillant officier,… »
Dès le 20 mars, les Allemands, après un terrible bombardement et l'acheminement de troupes bavaroises en renfort, finissent par reprendre les 2 sommets complètement bouleversés par ces derniers combats.
André est nommé caporal le 28 mars.
A partir du 12 janvier 1915, il est dirigé sur l’Alsace et les Vosges. L’ordre du jour du bataillon n°34 résume bien l’activité des premiers mois de 1915 :
«Le bataillon a pris pied dans le département du Haut-Rhin, le 26 janvier. Le 1er février, il a emporté le formidable réduit de la défense allemande au Sudelkopf, fai-sant des prisonniers et capturant un matériel considéra-ble : mitrailleuses, bombes, outils, canons lance-bombes. Le 5 mars, il a balayé les avant-postes allemands au Sillakerkopf. Composé de 2 sommets (768 et 778 m d'altitude), le Reichsakerkopf domine la vallée de Munster et donne accès à la Petite et à la Grande Vallée en amont. Ce secteur constitue, du fait de son position-nement géographique, un lieu stratégique de première importance qui lui vaudra rapidement de devenir une zone d'affrontements particulièrement sanglante. A partir de février 1915, les Allemands opèrent une attaque massive sur tout le front de la vallée et s'en empare.
Les chutes de neige et les dégels successifs rendront ces combats encore plus âpres et inhumains. De nouvelles attaques françaises tenteront de reprendre ces 2 sommets en mai, juin. Le 6ème BACP s’empare du Braunkopf, du 15 au 17 juin, qui lui vaut sa première citation à l’ordre de l’armée.
André est nommé sergent le 22 juin.
Le 19 et le 20 juillet, le bataillon repart à l’assaut du Reichsaker sans pouvoir le reprendre totalement. Jusqu’au 6 novembre il tient, par intermittence, certains secteurs du Reichsaker. Ensuite, la ligne de front se stabilisera et restera, jusqu'à l'armistice, l'enjeu de combats plus sporadiques causant encore de nombreux blessés et tués.
André Marius Auguste LAGASSE est tué à l’ennemi (ou disparaît) dans la bataille du petit Reichsackerkopf, commune de Breitenbach le 20 juillet 1915, il a 21 ans. Il est d’abord inhumé dans le cimetière militaire "Germania" de Sattel-bas.
Puis son corps est rapatrié à Trèbes où il est inhumé.
Son décès est porté dans le registre d’état-civil de la commune de Trèbes en date du 16 janvier 1918, suite à un jugement déclaratif de décès du tribunal de Carcassonne en date du 12 janvier 1918.
Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.