Casimir, fils de Mathieu et de Marie RIVIERE, est né le 7 juin 1879 à Montjardin (canton de Chalabre-Aude). Cette commu-ne de 14 km2, peuplée aujourd’hui de 110 h., voisine par l’ouest de Chalabre (canton est riverain de l’Ariège), est à une altitude moyenne de 400 m. Elle est partie intégrante du Quercorb, (au Moyen-âge un petit pays à l'ouest du Razès, on le trouve aussi en langue romane comme "terras de Corcorbes"). Son territoire constitue l'es-sentiel du canton de Chalabre. On n'en connaît pas de description précise. Ses limites seraient au levant la ligne de partage des eaux entre Aude et Hers, au midi les abrupts du pays de Sault, et l'Hers. Au couchant, la frontière est moins précise, peut-être celle de la seigneurie de Mirepoix.
En 1899, ayant quitté le domicile parental, situé à St Benoît (Canton de Chalabre), Casimir exerce le métier de cocher à Laure-Minervois, ce qu’il déclare lors du conseil de révision de sa classe, en 1899, à Chalabre. Son n° matricule au recrutement est le 1352 / Narbonne.
Il effectue son service militaire à partir du 4 novembre 1900, jusqu’au 21 septembre 1901, libéré par anticipation (son frère étant au service), au 3ème R.I. (Digne et Hyères)
On le retrouve domestique, charretier chez Mme Taillefer à Trèbes à partir de 1904, puis roulier en 1911. Il s’est marié le 26 septembre 1904, à Trèbes, avec une trébéenne d’adoption: Antoinette DHOMPS, d’où 5 enfants: Paule, Joseph. Pierre, Julienne et Paul.
Casimir décède le 14 juillet 1915 à Hersin-Coupigny (Pas de Calais - 62443).
A la mobilisation, le 5 août 1914, Casimir, ayant 35 ans et 5 enfants, est affecté au 125ème (ou au 126ème) régiment d’infanterie territorial (RIT). Celui-ci est envoyé le 12 août en Afrique du Nord, et plus précisément au Maroc oriental (ou occidental ?). Après quelques missions de maintien de l’ordre, le régiment est dissous à la fin septembre, et Casimir est rapatrié le 8 octobre au dépôt du 80ème RI, à Narbonne où il reste jusqu’au 30 octobre. A cette date, il est affecté à la 23ème Cie du 280ème R.I. (Narbonne) au sein de la 132èmeBI, membre de la 58èmeDI.
Il est possible qu’il voyagea dans le même détachement, d’une cinquantaine d’hommes, que les trébéens Paul LOUBET et Joseph PRADELLES ainsi que de Louis BARTHAS, qui quitta Narbonne le 4 novembre et arriva à Barlin le 8 au matin. Casimir fut affecté comme Louis BARTHAS dans le 6ème bataillon, mais à la 23ème Cie.
Le régiment est en Artois depuis le 10 octobre et il a participé du 14 au 22 octobre à l’attaque de Vermelles, de la fosse n°10 où il a subi de grosses pertes. Il rejoint donc son régiment dans ce secteur, qui y sera de novembre à mai 1915.
Du 17 octobre au 6 décembre, les 2 bataillons se remplacent de 4 en 4 jours sur des positions qu'ils organisent; ils effectuent des travaux d'approche entre Annequin et Vermelles, menaçant sérieusement l'ennemi d'un encerclement par son aile droite. Le bataillon de 1ère ligne du 296ème, à sa droite, a réussi à occuper les abords du château et de la brasserie de Vermelles.
Le capitaine de la 18ème Cie prend le commandement de tout le 5ème bataillon, suite au décès de son commandant. Dans la nuit du 6 au 7 décembre, les patrouilles envoyées par la 18ème Cie rendent compte qu'elles ont séjourné à proximité de la 1ère ligne allemande sans être inquiétées; elles n'ont entendu aucun bruit et, n'ont reçu aucun coup de feu.
Un sous-lieutenant réussit même à pénétrer dans cette ligne avec un groupe de volontaires de la 18ème Cie; au petit jour, il pousse une reconnaissance hardie en avant et arrive ainsi à atteindre la voie ferrée de Vermelles à Auchy, distante de 1500 m environ de la position de départ. Au cours de cette reconnaissance, un groupe d'arrière-garde allemand du 114ème bavarois, commandé par un officier, est entièrement anéanti. Le lieutenant combat sur la voie ferrée jusqu'à l'arrivée des renforts et, vers 10 h, la nouvelle ligne du bataillon est établie parallèlement à la voie ferrée.
Un commandant de l'infanterie coloniale, vient prendre le commandement du 5ème bataillon et le capitaine intérimaire reprend le commandement de la 18ème Cie.
En raison de la résistance irréductible rencontrée par le régiment de gauche (le 285ème) qui ne peut avancer à l'est de Cambrin, il est reconnu impossible de continuer la marche en avant; à partir du 8 décembre, le régiment effectue de nou-veaux travaux d'approche qui sont poussés, chaque nuit, vers l'ennemi et organisés défensivement à mesure de la progres-sion; on en arrive ainsi à se fixer définitivement sur le glacis au sud-ouest de la fosse 8 de Béthune, pendant que les Alle-mands travaillent également et s'organisent devant Ulluch.
Le 19 et le 20 décembre, le 6èmebataillon, mis à la disposition de la brigade voisine (285ème, 295ème, 256ème) qui a reçu l'ordre d'attaquer la position allemande à l'est de Cambrin, est engagé tout entier pour effectuer sur le glacis, où il est accroché, une progression de 700 m.
Le bataillon est arrêté net par un feu intense de mitrailleuses et d'artillerie. Le feu est si bien ajusté que tous ceux qui sortent des tranchées de départ sont tués ou blessés dès les premiers pas. Les officiers sont tués ou blessés grièvement, les pertes en hommes sont grandes. Les unités engagées par la brigade subissent à peu près le même sort que le 6ème bataillon et force est donc de s'accrocher sur le terrain occupé, de l'organiser et de remettre à plus tard une opération que les moyens ne permettent de tenter à nouveau.
Cette situation demandera une organisation défensive spéciale; la droite de la division, c'est-à-dire les 280ème, 296ème et 281ème, se trouvant en saillant très prononcé par rapport à la ligne générale.
Certains soldats des 280e et 296e RI, en seconde ligne durant la nuit de noël, entendirent provenant du secteur anglais des chants, des clameurs, de nombreuses fusées furent lancées de part et d’autres, mais pas de fusillade (carnet du caporal Louis BARTHAS, p. 85)
Les Allemands ont tout intérêt, en raison de la situation dominante de la position qu'ils ont choisie, d'organiser en face le saillant une redoute solidement défendue, qui deviendra par la suite une position inexpugnable, appelée fort Hohenzollern
De janvier à mai 1915, le régiment reste en Artois. Il se tient face au fort Hohenzollern, Jusqu'aux premiers jours de mai 1915, les deux bataillons du 280ème alternent entre eux pour garder le secteur devant le fort Hohenzollern. Ce secteur a été puissamment organisé par les compagnies et on peut le citer comme un modèle d'organisation de l'époque.
Beaucoup d’hommes et d’officiers sont tués ou blessés, notamment durant les travaux de nuit.
(NdR) Sur la vie quotidienne de ce régiment, notamment dans le secteur d’Annequin, Aix Noulette, lire les carnets de Louis Barthas, de Peyriac Minervois, édités par la FAOL et Maspéro (1978) et les articles de Léon Hudelle, capitaine dans ce même régiment.
Le 9 mai, jour du commencement de la bataille de Lorette, la division a reçu la mission d'accompagner, par ses feux, l'attaque que va mener le 9ème C. A. Le 296ème progressera concurremment avec les unités du 114ème, si ces dernières réussissent à ébranler les lignes allemandes dans le voisinage du fort Hohenzollern. Malheureuse-ment, fortement protégées par le fort, elles opposent aux assaillants une résistance qu'ils ne peuvent arriver à faire tomber malgré la violence de l'attaque avec laquelle l'opération est menée.
Dans la nuit du 15 au 16 mai, le régiment est relevé dans le secteur de Vermelles par un régiment anglais. La relève s'effectue sous un bombardement inaccoutumé qui semble indiquer que l'ennemi est au courant du mouvement effectué.
Après relève, le 280ème se rend à Nœux-les-Mines, puis cantonne le 16 à Mazingarbe et reste dans ce canton-nement jusqu'au 29 mai. Le 29 au soir, le colonel reçoit l'ordre d'envoyer une compagnie de grenadiers prendre possession des entonnoirs de la fosse Calonne. Cette com-pagnie, composée pour la circonstance des meilleurs gre-nadiers des 2 bataillons, part à 18 h et s'installe, sous un feu violent, dans les 3 entonnoirs de mines que les Allemands ont fait sauter.
Pendant ce temps, le 5ème bataillon prend une position de soutien devant Bully-Grenay et les corons d'Aix-Noulette. Le 6ème bataillon reste au cantonnement d'alerte à Mazingarbe.
Le 30 au soir, le 6ème bataillon est dirigé sur Houdain. La compagnie de grenadiers est relevée dans la nuit du 30 au 31 par une compagnie identique du 204èmerégiment d'infanterie; elle rejoint le 5ème bataillon à Bully, à 3 h. Le 1er juin, la compagnie de mitrailleuses de brigade est constituée et placée sous les ordres du lieutenant Marignac. Le 2 juin, la brigade est placée sous les ordres du général commandant la 43ème D. I. pour occuper les pentes nord du plateau de Lorette.
Au cours de la reconnaissance effectuée par les commandants d'unités, le lieutenant Lecomte (20ème compagnie) est tué par un obus.
La cité Calonne et la fosse n°2 dite Calonne (Commune d'Aix-Noulette)
Le soir, le 5ème bataillon relève le 158ème régiment d'infanterie dans la tranchée des Saules et des Parados, la route de Béthune à Arras. Violent bombardement par 210 sur nos positions, que les Allemands connaissent bien en raison de leur situation en pente et perpendiculaire à leur ligne générale. Les 17ème et 18ème compagnies sont très fortement éprou-vées.
Le lendemain à 15 h, les Allemands prononcent une attaque sur le point de jonction de ces 2 compagnies; grâce à la courageuse résistance et le sang- froid du sergent Carrié, de l'adjudant Baron et des 1ème et 2ème sections de la 18ème compagnie, cette attaque est clouée sur place et notre ligne reste intacte.
La situation, quoique critique, ne change pas d'aspect jusqu'au 5 au soir et le 6èmebataillon vient relever le 5ème sur ses positions dans la nuit du 4 au 5. Le 5ème bataillon, relevé, passe en réserve dans les abris blindés de Noulette et à la Fosse-aux-Loups.
Le 5 juin dans l’après-midi, le 6ème bataillon prend la formation d’assaut en vue de l’attaque de la tranchée H1 H2 du fond de Buval. Cette attaque nécessite une ma-nœuvre préparatoire très délicate. Le chef de Bataillon, qui devait quelques instants après payer de sa vie son ardeur et le mépris du danger a parfaitement préparé et dirigé l’opération que le capitaine Hudelle (21ème cie, celle de Louis Barthas) et le capitaine Cordier (22ème cie, celle de Joseph Pradelles) exécutent crânement. La tranchée qui constitue une ligne de soudure entre nos unités est prise avec un élan indescriptible, malgré l’opposition énergique de l’ennemi qui considère cette ligne comme une position avancée de premier ordre; de nombreux cadavres allemands prouvent combien la défense a été opiniâtre. Cinquante-deux (52) prisonniers sont ramenés à l’arrière. Les pertes en hommes au cours de cette opération sont relativement légères (12 morts et 35 blessés). Le bataillon renouvellera une attaque le lendemain et le commandant du bataillon sera tué, tandis que le capitaine Hudelle sera blessé à l’épaule dans cette affaire, considérée comme deux journées de succès pour le régiment.
Dans la nuit du 6 au 7 juin, le 5ème bataillon relève les compagnies du 6ème et la situation est maintenue sans changement, car tout le monde à bout de forces, reste dans l’état malgré les difficultés sans nombre jusqu’au moment où le régiment est relevé et mis en réserve à Barlin le 15 et le 16, et à Sains-en-Gohelle du 17 au 24.
Le 24 au soir, le 6ème bataillon va occuper le secteur des Abattis devant Bully. Le 5ème bataillon est en réserve et passe, le 29, dans le secteur d'Angres. Les 2 bataillons sont relevés dans la nuit du 2 au 3 juillet et sont envoyés en réserve et au repos à Hersin-Coupigny, Sains-en-Gohelle et Bully-Grenay.
Le 7 juillet, le 5ème bataillon prend les tranchées au secteur d'Angres où il exécute des travaux d'organisation jusqu'au 14; il est relevé par le 6ème bataillon le 14.
Le 14 juillet 1915, notre artillerie a décidé de faire, en l'honneur de la Fête Nationale, une démons-tration sur toutes les lignes allemandes par de vio-lentes rafales de 75; on a même demandé aux fantassins de participer par leurs moyens à cette dé-monstration. Le tir de notre artillerie attire une riposte assez violente des Allemands qui ne cessent, tout l'après-midi et la soirée, d'arroser copieusement nos premières et deuxièmes lignes. Il y a pas mal d’hommes touchés, principalement dans la soirée.
<<< extrait du J.M.O. du 280° RI en juillet 1915
Casimir LOUPIA décède le 14 juillet 1915, à 23h, des suites de multiples blessures par éclat d’obus subies dans la journée du 14, suites aux démonstrations d’artillerie dans les tranchées en première ligne au nord-est de Bully-les-Mines, il a 36 ans.
Il meurt dans une ambulance, située un peu à l’arrière à Hersin-Coupigny 62443 (au sud de Nœuds-les-mines, à l’ouest de Bully)
Il est inhumé dans une tombe individuelle du carré militaire du cimetière d’Hersin; tombe n°284.
Son décès est porté dans le registre d’Etat-civil de la commune de Trèbes en date du 9 septembre 1921 (ou 1925).
Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.
Sur la vie quotidienne de ce régiment lire les carnets de Louis Barthas, de Peyriac Minervois, édités par la FAOL et Maspéro (1978) et les articles de Léon Hudelle, capitaine dans ce même régiment.
Cimetière militaire d'Hersin-Coupigny (Pas-de-Calais) hier.... aujourd'hui