Joseph Marius est le fils de Justin PRADELLES et d’Elisabeth BENAZET, il est né le 19 mars 1879 à Puylaurens dans le Tarn, village situé entre Toulouse et Castres, sur le sommet d'une colline haute de 375 m, dominant la plaine du Lauragais, et qui offre une vue exceptionnelle sur la Montagne Noire. Puylaurens est considéré comme le berceau de la «Marianne» républicaine. En effet Marianne comme symbole de la République a été attribuée à une chanson révo-utionnaire racontant les avatars d’une femme du peuple, Marianne, dans les méandres du nouveau régime: la Garisou de Marianno (la Guérison de Marianne), composée par le cordonnier-poète Guillaume Lavabre, de Puylaurens vraisembla- blement écrite en octobre 1792, une dizaine de jours seulement après la fondation de la République.
En 1899, Joseph réside avec ses parents à Badens, et exerce le métier de cultivateur, ce qu’il déclare lors du conseil de révision qu’il passe à Capendu en septembre 1899. Son n° matricule au recrutement est le 684/Narbonne, et il a été déclaré apte.
Il accomplit son service militaire à partir du 15 novembre 1900 au 15ème R.I. d’Albi, tout comme Paul LOUBET puis au 142ème RI de Mende à partir du 10 juin 1903. Il est rendu à la vie civile le 19 septembre 1903. Il reprend son métier de cultivateur, d’ouvrier agricole et réside à Capendu durant l’année 1904.
Il se marie avec une trébéenne, Christine CAZANAVE, née à Arzens en 1881, le 11 octobre 1904 à la mairie de Trèbes. Christine donne naissance à deux filles: Marguerite probablement à Capendu en 1906 et Adrienne probablement à Carcassonne en 1910.
Il décède le 5 juin 1915 à l’est d’Aix Noulette, au lieu-dit Fond de Buval.
A la mobilisation, il a 35 ans. Le 5 août 1914, Joseph est affecté au 125ème régiment d’infanterie territorial (RIT). Celui-ci est envoyé le 12 août en Afrique du Nord et plus précisément au Maroc oriental (ou occidental ?). Après quelques missions de maintien de l’ordre, le régiment est dissous à la fin septembre, et Joseph est rapatrié le 8 octobre au dépôt du 80ème RI, à Narbonne où il reste jusqu’au 30 octobre. A cette date, il est affecté à la 22ème Cie du 280ème R.I (Narbonne) au sein de la 132èmeB.I. membre de la 58èmeDI de nov. 14 jusqu’en déc. 15. Il est possible qu’il voyagea dans le même détachement, d’une cinquantaine d’hommes, que les trébéens Paul LOUBET qu'il connaissait déjà et Casimir LOUPIA ainsi que Louis BARTHAS qui quitta Narbonne le 4 novembre et arriva à Barlin le 8 au matin. Joseph fut affecté comme Louis BARTHAS dans le même bataillon (6ème), à la 22ème Cie. Celui-ci la quitta quelques jours après pour la 21ème Cie. Le régiment est en Artois depuis le 10 octo-bre et il a participé du 14 au 22 octobre à l’attaque de Vermelles, de la fosse n°10 où il a subi de grosses pertes. Il rejoint donc son régiment dans ce secteur, qui y sera de novembre à mai 1915.
Du 17 octobre au 6 décembre, les 2 bataillons se remplacent de 4 en 4 jours sur des positions qu'ils organisent; ils effectuent des travaux d'approche entre Annequin et Vermelles, menaçant sérieusement l'enne-mi d'un encerclement par son aile droite. Le bataillon de 1ère ligne du 296ème, à sa droite, a réussi à occuper les abords du château et de la brasserie de Vermelles.
Le bataillon est arrêté net par un feu intense de mitrailleuses et d'artillerie. Le feu est si bien ajusté que tous ceux qui sortent des tranchées de départ sont tués ou blessés dès les premiers pas. Les officiers sont tués ou blessés grièvement, les pertes en hommes sont grandes.
Les unités engagées par la brigade subissent à peu près le même sort que le 6ème bataillon et force est donc de s'accrocher sur le terrain occupé, de l'organiser et de remettre à plus tard une opération que les moyens ne permettent de tenter à nouveau.
Cette situation demandera une organisation défensive spéciale; la droite de la division, c'est-à-dire les 280ème, 296ème et 281ème, se trouvant en saillant très prononcé par rapport à la ligne générale.
Certains soldats des 280e et 296e RI, en seconde ligne durant la nuit de noël, entendirent provenant du secteur anglais des chants, des clameurs, de nombreuses fusées furent lancées de part et d’autres, mais pas de fusillade (carnet du caporal Louis BARTHAS, p. 85)
Le 9 mai, jour du commencement de la bataille de Lorette, la division a reçu la mission d'accompagner, par ses feux, l'attaque que va mener le 9ème C. A. Le 296ème progressera concurremment avec les unités du 114ème, si ces dernières réussissent à ébranler les lignes allemandes dans le voisinage du fort Hohenzollern. Malheureusement, fortement protégées par le fort, elles opposent aux assaillants une résistance qu'ils ne peuvent arriver à faire tomber malgré la violence de l'attaque avec laquelle l'opération est menée.
Dans la nuit du 15 au 16 mai, le régiment est relevé dans le secteur de Vermelles par un régiment anglais. La relève s'effectue sous un bombardement inaccoutumé qui semble indiquer que l'ennemi est au courant du mouvement effectué.
Après relève, le 280ème se rend à Nœux-les-Mines, puis cantonne le 16 à Mazingarbe et reste dans ce canton-nement jusqu'au 29 mai. Le 29 au soir, le colonel reçoit l'ordre d'envoyer une compagnie de grenadiers prendre possession des entonnoirs de la fosse Calonne. Cette compagnie, composée pour la circonstance des meilleurs gre-nadiers des 2 bataillons, part à 18 h et s'installe, sous un feu violent, dans les 3 entonnoirs de mines que les Allemands ont fait sauter.
Pendant ce temps, le 5ème bataillon prend une position de soutien devant Bully-Grenay et les corons d'Aix-Noulette. Le 6ème bataillon reste au cantonnement d'alerte à Mazingarbe.
Le 30 au soir, le 6ème bataillon est dirigé sur Houdain. La compagnie de grenadiers est relevée dans la nuit du 30 au 31 par une compagnie identique du 204èmerégiment d'infanterie; elle rejoint le 5ème bataillon à Bully, à 3 h. Le 1er juin, la compagnie de mitrailleuses de brigade est constituée et placée sous les ordres du lieutenant Marignac. Le 2 juin, la brigade est placée sous les ordres du général commandant la 43ème D. I. pour occuper les pentes nord du plateau de Lorette. Au cours de la reconnaissance effectuée par les commandants d'unités, le lieutenant Lecomte (20ème compagnie) est tué par un obus.
La cité Calonne et la fosse n°2 dite Calonne (commune d'Aix-Noulette)
La situation, quoique critique, ne change pas d'aspect jusqu'au 5 au soir et le 6ème bataillon vient relever le 5ème sur ses positions dans la nuit du 4 au 5. Le 5ème bataillon, relevé, passe en réserve dans les abris blindés de Noulette et à la Fosse-aux-Loups.
Le 5 juin dans l’après-midi, le 6ème bataillon prend la formation d’assaut en vue de l’attaque de la tranchée H1 H2 du fond de Buval. Cette attaque nécessite une manœuvre préparatoire très délicate. Le chef de Bataillon, qui devait quelques instants après payer de sa vie son ardeur et le mépris du danger a par-faitement préparé et dirigé l’opération que le capitaine Hudelle (21ème cie, celle de Louis Barthas) et le capitaine Cordier (22ème cie, celle de Joseph Pradelles) exécutent crânement. La tranchée qui constitue une ligne de soudure entre nos unités est prise avec un élan indescriptible, malgré l’opposition énergique de l’ennemi qui considère cette ligne comme une position avancée de premier ordre; de nombreux cadavres allemands prouvent combien la défense a été opiniâtre. Cinquante-deux (52) prisonniers sont ramenés à l’arrière. Les pertes en hommes au cours de cette opération sont relativement légères (12 morts et 35 blessés). Joseph l’aura toutefois payé de sa vie. Le bataillon renouvellera une attaque le lendemain et le commandant du bataillon sera tué, tandis que le capitaine Hudelle sera blessé à l’épaule dans cette affaire, considérée comme deux journées de succès pour le régiment.
Dans la nuit du 6 au 7 juin, le 5ème bataillon relève les compagnies du 6ème et la situation est maintenue sans changement, car tout le monde à bout de forces, reste dans l’état malgré les difficultés sans nombre.
Le capitaine de la 18ème Cie prend le commandement de tout le 5ème bataillon, suite au décès de son commandant. Dans la nuit du 6 au 7 décembre, les patrouilles envoyées par la 18ème Cie rendent compte qu'elles ont séjourné à proximité de la 1ère ligne allemande sans être inquiétées; elles n'ont entendu aucun bruit et, n'ont reçu aucun coup de feu. Un sous-lieutenant réussit même à pénétrer dans cette ligne avec un groupe de volontaires de la 18ème Cie; au petit jour, il pousse une reconnaissance hardie en avant et arrive ainsi à atteindre la voie ferrée de Vermelles à Auchy, distante de 1500 m environ de la position de départ. Au cours de cette reconnaissance, un groupe d'arrière-garde allemand du 114èmebavarois, commandé par un officier, est entièrement anéanti. Le lieutenant combat sur la voie ferrée jusqu'à l'arrivée des renforts et, vers 10 h, la nouvelle ligne du bataillon est établie parallèlement à la voie ferrée.
Un commandant de l'infanterie coloniale, vient prendre le commandement du 5ème bataillon et le capitaine intérimaire reprend le commandement de la 18ème Cie. En raison de la résistance irréductible rencontrée par le régiment de gauche (le 285ème) qui ne peut avancer à l'est de Cambrin, il est reconnu impossible de continuer la marche en avant; à partir du 8 décembre, le régiment effectue de nouveaux travaux d'approche qui sont poussés, chaque nuit, vers l'ennemi et organisés défensi-vement à mesure de la progression; on en arrive ainsi à se fixer définitivement sur le glacis au sud-ouest de la fosse 8 de Béthune, pendant que les Allemands travaillent également et s'organisent devant Ulluch.
Le 19 et le 20 décembre, le 6ème bataillon, mis à la disposition de la brigade voisine (285ème, 295ème, 256ème) qui a reçu l'ordre d'attaquer la position allemande à l'est de Cambrin, est engagé tout entier pour effectuer sur le glacis, où il est accroché, une progression de 700 m.
Les Allemands ont tout intérêt, en raison de la situation dominante de la position qu'ils ont choisie, d'organiser en face le saillant une redoute solidement défendue, qui deviendra par la suite une position inexpugnable, appelée fort Hohenzollern.
De janvier à mai 1915, le régiment reste en Artois. Il tient face au fort Hohenzollern, Jusqu'aux premiers jours de mai 1915, les deux bataillons du 280ème alternent entre eux pour garder le secteur devant le fort Hohenzollern. Ce secteur a été puissamment organisé par les compagnies et on peut le citer comme un modèle d'organisation de l'époque.
Beaucoup d’hommes et d’officiers sont tués ou blessés, notamment durant les travaux de nuit.
(NdR) Sur la vie quotidienne de ce régiment, notamment dans le secteur d’Annequin, Aix Noulette, lire les carnets de Louis Barthas, de Peyriac Minervois, édités par la FAOL et Maspéro (1978) et les articles de Léon Hudelle, capitaine dans ce même régiment.
Le soir, le 5ème bataillon relève le 158ème régiment d'infanterie dans la tranchée des Saules et des Parados, la route de Béthune à Arras. Violent bombardement par des canons de 210 sur nos positions, que les Allemands connaissent bien en raison de leur situation en pente et perpendiculaire à leur ligne générale. Les 17ème et 18ème compagnies sont très fortement éprouvées. A 15 h, les Allemands prononcent une attaque sur le point de jonction de ces 2 compagnies; grâce à la courageuse résistance et le sang-froid du sergent Carrié, de l'adjudant Baron et des 1ème et 2ème sections de la 18ème compagnie, cette attaque est clouée sur place et notre ligne reste intacte.
Les fosses, vues des tranchées françaises en mai 1915
extrait du JMO du 280° RI à la date du 5 juin 1915
Joseph Marius PRADELLES est tué à l’ennemi, le 5 juin 1915, en attaquant la tranchée H1-H2, il a 36 ans.
Liste des tués du 5 juin 1915 (extrait du JMO du 280° RI)
une erreur s'est glissé sur le prénom de Joseph Marius
Son décès, est transcrit dans le registre d’état-civil de la commune de Puylaurens en date du 4 novembre 1915.
Joseph Marius est inhumé dans la Nécropole Nationale SERRE-HEBUTERNE, tombe individuelle n° 478, sur la commune de BEAUMONT-HAMEL (80 – Somme)
Son nom est uniquement gravé sur le Monument aux morts de Trèbes