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attention, il y a 2 Louis FRAISSE, nés la même année 1881, du même régiment, le 22ème RIC, tous les deux tués à
Massiges: le premier le 15 septembre 1914, le second le 25 septembre 1915 et une seule tombe au nom de Louis (selon les autorités militaires c’est le Louis mort en 1914 qui est inhumé dans
cette nécropole). La cohérence voudrait que le bon soit celui dont je vais vous présenter le parcours, toutefois, je n'ai toujours pas trouvé la raison pour laquelle son nom se trouve gravé
sur le Monument aux morts de Trèbes
Louis, est le fils d’Adolphe et d’Amélie GUIPERT, né le 27 octobre 1881 à Mirepeisset (11233), petite commune située à l'extrême-est du Minervois, près des villes de Narbonne et Béziers et à 30 km de la Méditerranée. Située dans un méandre de la Cesse, parcouru dans toute sa longueur par la Rigole, bordé par le Canal du Midi, elle est d’une étendue de 519 ha et compte environ 700 habitants. Le village est bâti en amphithéâtre, sur une falaise de la rive droite de la Cesse. Ainsi, il se trouve au-dessus de la rivière et n'a jamais été inondé, ce qui est rare dans la région. Bâti sur 3 corniches, il se caractérise par l'omniprésence de l'eau: la rue principale, sur la dernière corniche, longe la Rigole. Louis passe toute sa jeunesse dans ce village. Il y vit seul, avec sa mère, son père étant déjà décédé, exerçant le métier de cultivateur, lorsqu’en 1901, il est convoqué à Ginestas, chef-lieu de canton, pour le Conseil de révision.
Son n° matricule au recrutement est le 733 /Narbonne, et il a été déclaré apte, mais dispensé d’un service long car fils unique de veuve. Il accomplit son service militaire à partir du 14 novembre 1902 au 100ème régiment d’infanterie (Narbonne) jusqu‘au 19 septembre 1903.
Il est probablement célibataire à la mobilisation en août 14.
Il décède le 25 septembre 1915 à Massiges.
A la mobilisation, Louis est rappelé le 4 août 1914. Il est dirigé sur le 22ème Régiment d’Infanterie Coloniale (Hyères) - 6ème brigade – 2ème D.I.C. Louis arrive au corps le 13 août et au front dès le 30 août. Après la bataille des frontières, le 22ème RIC bat retraite jusqu’à la Marne, et qui, à partir du 6 septembre, reprend le combat à Matignicourt–Goncourt et sur la cote 153, jusqu’au 11 septembre. Le 22ème RIC repousse l’ennemi du sud de Vitry-le-François (Marne) vers Beauséjour et Massiges en passant par Valmy. Du 6 au 15 septembre, l’ensemble des opérations de la Marne coûte au régiment 1209 tués, dont 11 officiers.
Le 22ème RIC participe à l'offensive de Champagne (Ferme de Beauséjour) dès le 20 décembre. Puis les 23-24 et 27-28 février 1915, pour la 1ère bataille de Champagne. Le 23, les 1er et 3ème bataillons enlèvent d’un seul élan le «Fortin de Beauséjour» en perdant 16 officiers et 995 hommes. Le «Fortin» ayant été repris par l’ennemi, seul disponible c’est le 2ème bataillon, renforcé du 1er et du 3ème bataillon du 3ème RIC, qui prend part à l’action. Le «Fortin» est repris mais le régiment perd encore 259 des siens. Sur un effectif total de 2877 hommes engagés le 23 février, 1632 ont été mis hors de combat soit 57%. Il ne reste que 1245 officiers, sous-officiers et hommes de troupe valides, dont Louis FRAISSE.
Le 25 septembre, c’est la 2ème bataille de Champagne. Dans l’espoir de rompre le front ennemi, une action de grande envergure est entreprise. La IIème Armée opère de Ville s/Tourbe au bois du Trou-Bricot. A l'est de son front, l'attaque est confiée au 1er Corps colonial, qui devait enlever un formidable bastion naturel de la ligne ennemie, la «Main de Massiges» pour laquelle, en janvier et février, s'étaient déjà livrés de si rudes combats.
A quelques kilomètres à l’est du «Fortin de Beauséjour», le 22ème RIC est chargé de reprendre une partie des hauteurs situées au nord et au nord-ouest du village de Massiges. Elles évoquent une main gauche déployée, d’où le nom «Main de Massiges». Entraînée par le général Marchand, la 2ème division coloniale, dont fait partie le 22ème RIC, s’élance sur les pentes du promontoire. Accueillie par un feu violent, elle n'en poursuit pas moins son avance qui la conduit aux premières tranchées ennemies, dans lesquelles s'engage une lutte à la grenade.
Les marsouins ont juré de ne pas lâcher prise; et, bien que leurs rangs s'éclaircissent, ils pénètrent toujours plus avant parmi le lacis des boyaux et des sapes. Le 21ème régiment colonial a reçu pour mission d'enlever la cote 191 et la caponnière de l'Arbre-aux-Vaches. Pour s'emparer des 2 premières lignes, il engage une âpre lutte contre un adversaire tenace, sous des barrages d'artillerie et des feux croisés des mitrailleuses.
Sur un autre saillant de la Main-de-Massiges, le 23ème régiment colonial supporte de terribles feux sans reculer ou ralentir son élan. Dans le secteur de «l'Annulaire», le 4ème régiment colonial, en dépit des plus lourdes pertes, brise les contre-attaques ennemies et s'organise sur les objectifs qu'il vient de conquérir.
A la fin de la journée, la Main-de-Massiges est prise, mais il va falloir plusieurs jours de lutte pour en repousser définitivement les allemands. Malgré une grave blessure du général Marchand, la 2ème division coloniale a gardé jusqu'au bout le même mordant, la même cohésion, et elle a bien mérité sa citation à l'ordre de l'Armée.
Louis FRAISSE est parmi eux. Le bombardement continue le lendemain.
La conquête de la « Main de Massiges » coûte au régiment 909 tués, blessés ou disparus, dont 20 officiers.
Pour mémoire, un chiffre effrayant : les 2 batailles de Champagne coûtèrent 3 039 Marsouins mis hors de combat, (pour un effectif total instantané inférieur à 3 000).
J.M.O. du 22° RIC : Etat des pertes de la journée du 25 septembre 15
Louis FRAISSE est tué à l’ennemi, le premier jour de l'offensive jour, le 25 septembre 1915, lors de ces attaques sur la « Main de Massiges», commune du même nom: Massiges. Il allait avoir 34 ans.
Aucune sépulture n’est connue. Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu de sépulture. A-t-il été abandonné sur le terrain, a-t-il été enseveli lors d’un bombardement, son corps n'a-t-il pas pu être identifié ? Comme beaucoup, son corps n'a probablement pas pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps. Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et anonyme placé dans une fosse commune, un ossuaire, peut-être dans le cimetière de guerre dans les environs du champ de bataille. Léon est peut-être inhumé dans La nécropole nationale de Souain «La Crouée» qui est située à la sortie du village sur la RD 77 en direction de Sommepy-Tahure. Cette nécropole, d'une superficie de 60 ha, rassemble 30 732 sépultures dont 9 050 corps seulement ont pu être identifiées et dont 21 688 sont répartis en 8 ossuaires, ou encore dans celle de Minaucourt ?
Son décès est porté dans le registre d’Etat-civil de la commune de Mirepeisset à la date du 11 août 1916.
Son nom est gravé sur les Monuments aux morts de Trèbes et de Mirepeisset.
Pourquoi son nom est-il gravé à Trèbes ?