Louis Marius, fils de Jules et de Françoise BELON est né le 12 mai 1892 à Trèbes, commune située à 6 km à l'est de Carcassonne, au sud de la France. Son emplacement stratégique sur la route entre la Méditerranée et l'océan Atlantique est connu depuis le néolithique. La ville se trouve dans un couloir entre montagne Noire au nord, Corbières au sud-est, et la vallée de l'Aude au sud. Sa superficie est de 16 km² ce qui en fait une grande commune pour le département de l'Aude. Ses voisines sont Berriac, Bouilhonnac et Villedubert. Elle est peuplée de 1100 habitants en 1793, 1850 en 1893 et près de 2000 trébéens et trébéennes en 1914. Traversée par le canal du midi, au cœur d’une région viticole, son port a été très actif.
Son père est cultivateur. Deuxième d’une famille de 4 enfants, il passe sa petite enfance au pied du clocher de l’église Saint-Etienne avant de suivre ses parents à Alairac, puis à Carcassonne. Par la suite, il fait son apprentissage de cultivateur. C’est le métier qu’il déclare et qu’il exerce à Montirat, à l'époque de son conseil de révision qu’il passe à Capendu en septembre 1902. Son n° matricule au recrutement est le 246/ Narbonne, et il a été déclaré apte.
Il accomplit son service militaire à partir 14 novembre 1903 jusqu’au 18 septembre 1904 au 100° R.I. à Narbonne. Dès son retour, il se marie avec Antoinette ROUBY, le 18 octobre 1904 à Montirat d’où ? enfants.
Il décède le 6 novembre 1915 sur les hauteurs de Massiges.
Louis est mobilisé le 13 août 1914 et affecté au 4ème R.I.C. (4ème brigade – 2ème division d’infanterie coloniale (avec le 8ème, 22ème et 24ème RIC).
Le 11 août, le régiment est débarqué à Revigny près de Bar-le-Duc. Le 12, il doit continuer à pied sur 16 km, en pleine canicule «avec tout le barda», pour aller à Géricourt/Comté. Il fait très chaud et beaucoup se couchent le long de la route. Les gradés doivent les menacer pour les faire avancer. Le 13 août, les hommes marchent encore 20 km pour gagner le cantonnement de Boulainville. L’unité se rend à l’est du massif de l’Argonne, pour intégrer la IVème Armée. Le 22 août le régiment quitte Baalon et se porte avec la 2ème DIC sur Neufchateau en Belgique. Le 24, vers 1h, l’ordre est donné de se replier sur Villers… Jusqu’à 4h, les hommes du 4ème RIC vont marcher de nuit dans la forêt pour établir un avant-poste à Margny. A 11h, ils se portent vers le sud pour occuper le bois de Richemont. Le 25 août, le 4ème RIC prend une position défensive entre les villages de Jamoigne et de Valensart et contient l’ennemi. Le soir, le régiment se replie sur les lisières de la forêt d’Orval (frontière belge).
Le 26, malgré ses positions qui tiennent tête à l’ennemi sur les hauteurs de St Walfroy et de Lamouilly, le régiment doit se replier vers Issor pour finalement atteindre le bois de Jaulmay. La nuit est mise à profit pour organiser sa défense. Deux bataillons sont chargés de couvrir les abords de Lusy et de Martincourt, tandis qu’un bataillon reste en réserve, sous le bois près du croisement des chemins Pouilly-Cesse et Lusy-Beaumont. Pendant la nuit des détachements allemands sont parvenus à établir des passerelles sur la Meuse.
Le 27 août, à 7h, les Allemands sous la protection du feu de leur artillerie qui se trouve à la corne du Bois, franchissent la Meuse, et attaquent les avants-postes du 3ème bataillon .
Le 30 août, le bataillon se lève aux aurores et quitte le défi-lé. Il marche vers l’est à la rencontre de l’ennemi dont le contact est perdu. Le 4ème RIC traverse la forêt de Boult pour finalement bivouaquer à la sortie nord de la forêt. Le 31 août à Brieulles/Bar, où le régiment a bivouaqué la veille, les combats reprennent à l’est du village et sur la lisière du bois de Verrières. L’ennemi se retire vers la Meuse. A 18 h près du village de Belleville/Bar, le colonel commandant la 4ème BIC est tué par un éclat d’obus. Le 4ème RIC regagne le défilé de la Croix aux Bois. Les 1er et 2 septembre, le 4ème RIC se met en mouvement sur Rouvray, par Thermes et Auvry. Le régiment reçoit un renfort de 600 hommes (Louis Marius est parmi eux) et continue son repli vers le sud par St-Rémy/Bus-sy. Le 3, les Allemands qui ont pu s’approcher par surprise du village où bivouaque le 4ème RIC provoque une véritable panique.C'est le baptême du feu pour Louis. Le calme est rétabli vers 16h. Le 4 septembre, le 4ème RIC atteint Vannault-le-Chatel vers 8h. Dans l’après-midi, il prend au nord du village un dispositif articulé, mais aucun contact avec l’ennemi ne se produit.
Vers 9h, les 4 régiments de la division sont complètement engagés dans un violent combat sur la lisière de la forêt et du sous- bois. Les 3 bataillons du 4ème RIC côte à côte, luttent sans recevoir l’appui de l’artillerie, car le champ de bataille, couvert par la forêt, et le mauvais temps, n’offrent pas une visibilité suffisante. L’ordre est donné aux bataillons de contre-attaquer à la baïonnette pour faire taire les mitrailleuses allemandes. Dans cet assaut, le 3ème bataillon va subir de très lourdes pertes: 4 officiers seront tués et 4 autres seront blessés, et 420 hommes de troupes seront tués, blessés ou disparus. Au total dans cette bataille, la 2ème DIC perdra 1475 hommes (tués, blessés ou disparus) et 22 officiers. Les débris des bataillons du 4ème RIC sont recueillis le long de la route de Stenay à Beaumont. Ordre leur est donné d’aller se reformer à la ferme de Belle Tour, à 4 km au sud-ouest de Beaumont. Ils y arrivent à la tombée de la nuit.
Le 28 août, un bataillon retourne sur le champ de bataille pour récupérer ses blessés. A 17h, il reçoit l’ordre de se porter à l’ouest de Beaumont pour coopérer l’attaque de la ligne Youcq-ferme de Belle épine… A la nuit tombée, il se met en marche et atteint à 22h la ferme de Thibau à 2 km à l’ouest de Beaumont où il bivouaque dans une prairie. La nuit sera courte car à l’aube, à 4 h le bataillon se met en mouvement pour une longue et très pénible marche de 13 h qui le conduit dans le défilé de la Croix aux Bois.
Commencement de stabilisation
Le 2 novembre, le 4ème RIC reçoit l’ordre de faire un coup de main pour prendre des prisonniers et obtenir des renseignements. Une tranchée ennemie est prise et occupée, mais les Allemands contre-attaquent pour récupérer leur tranchée et à leur 3ème tentative parviennent à la récupérer. Malgré un corps à corps violent, le régiment doit céder face au nombre et se replier. Au cours de cet affrontement le 4ème RIC laissera 33 tués ou disparus et 12 blessés.
Les 6, 7, 8, 9 décembre, le 4ème RIC occupe le secteur de la côte 191, il est complètement enserré par les travaux de l’ennemi. Les 10, 11, 12 13, 14,15,16,17 décembre, les pluies continuelles rendent très dur le séjour dans les tranchées qui sont inondées. Elles deviennent des ruisseaux de boue où l’on ne marche que difficilement et où l’on s’enlise parfois. Tous les efforts sont employés à évacuer l’eau et la boue. Les vêtements des hommes sont entièrement recouverts d’une couche de boue, et les soldats sont méconnaissables. La fatigue des hommes a pour conséquence l’apparition d’une épidémie de diarrhée. De plus, l’ennemi devient agressif, il travaille constamment à des travaux d’approche, procédant à des tirs en enfilades sur le 4ème RIC.
Le 20 décembre, alors que le 4ème RIC comptait sur l’envoi prochain à l’arrière, pour un repos bien mérité, l’ordre d’attaquer est lancé. Les Allemands ayant retiré des troupes du front, pour les envoyer en Pologne, le corps colonial en profite donc pour attaquer à 9h30 du matin. Les hommes occupent rapidement les tranchées ennemies sur les hauteurs au Nord Est de Beauséjour. Les Allemands surpris ne ripostent sérieusement qu’à 10 h. Les 21, et 22, les troupes organisent le terrain conquis et repoussent de violentes contre-attaques.
Le 25 décembre le corps se trouve entre Perthes et Massiges.
Le 3 février, alerte à minuit, les Allemands ont fait sauter plusieurs mines au Nord de Massiges et lancent une attaque. Le 4ème RIC reçoit l’ordre de remonter par le pont de Minaucourt vers la côte 191 et Massiges. Les Allemands qui ont lancé cette violente attaque sur les tranchées du Médius, de l’Annulaire et de la côte 191 ont réussi à enlever les premières lignes sur la côte 191, et le 21ème qui occupait la position appelée la «Main de Massiges» a été délogée de «l’Annulaire». Le 4ème RIC reçoit l’ordre de contre-attaquer. Elle est menée par le bataillon DUCHAN sur la côte 191 et par le 3ème bataillon sur «l’Annulaire». Celui-ci enlève 2 lignes de tranchée, tuant, faisant prisonniers plusieurs centaines d’ennemis. Mais les pertes sont lourdes, et le commandant du bataillon sera tué ainsi que de nombreux soldats. Sur la côte 191, le bataillon DUCHAN défavorisé par le terrain, qui monte vers l’ennemi, est aperçu à la lueur du clair de lune. Le bataillon est pris sous le feu à 30 m des tranchées ennemies, et littéralement cloué au sol, le capitaine DUCHAN est tué comme la plupart de ses hommes. Une nouvelle attaque est aussitôt montée avec 3 compagnies, dont 2 du bataillon de réserve. Cette attaque échoue dans les mêmes conditions que la précédente, prise sous le feu des mitrailleuses à 100 m des lignes ennemies. Le lendemain, le bataillon est attaqué au point du jour, sans succès pour l’ennemi.
Dans la nuit du 4 février, le 4ème fournit 3 contre-attaques à la baïonnette, inflige de lourdes pertes à l’ennemi et se rend maître de plusieurs tranchées.
Le 3ème bataillon du 4ème RIC porte une attaque centrale sur l’annulaire. Malgré tous ces efforts le 4ème et le 8ème colonial ne peuvent reprendre l’annulaire et le commandement supérieur se résigne à l’abandon de la côte 191 et des positions de l’Annulaire, du Médius, et du Cratère. Il choisit au contraire de reporter la défense sur la rive droite de la Tourbe, en conservant Massiges et la tête de pont de Ville s/Tourbe. Le 22ème RIC se porte sur la côte 202, et se met à la disposition du 1er C.A. pour attaquer le fortin de Beauséjour. Ces 2 journées ont coûté très cher au 4ème RIC: 101 tués (dont 4 officiers), 373 blessés (dont 8 officiers), 121 disparus. Au total, il aura perdu 2 000 h. dans ces combats.
Bataille de la Marne
Le 5 septembre le 4ème RIC arrive à Vitry-en-Perthuis après avoir traversé Vannault-le-Chatel, où l’arrière-garde reçoit quelques coups de canon. Le régiment franchit la Saulx et occupe une position face au nord, aux environs de Mont de Fourche. A 16h le régiment qui se retrouve face à l’infante-rie ennemie essuie une vive attaque d’artillerie. Il doit battre en retraite par le pont de Vaux et Vitry-le-François sur St Remy en Bouzemont. Un bataillon chargé de couvrir le repli de la division, reste isolé sur la rive Nord de la Saulx. Il doit sa mission terminée, pour échapper à l’ennemi qui tient les ponts de Vitry-le-François et de Vitry-en-Pertuis, traverser la rivière à gué.
Les hommes ont de l’eau jusqu’à la ceinture. Ce bataillon regagne le régiment vers minuit à St Rémy-en-Bouzemont par Vitry-le-François après avoir essuyé quelques coups de feu des avant-gardes allemandes. Les 9, 10 et 11 septembre, la situation ne se modifie pas sensiblement.
Dans la soirée du 11, un mouvement en avant se produit sur le front des 3 bataillons qui font un bond d’environ 3 km en avant. Pendant les jours qui suivent la retraite de l’ennemi continue. Le régiment, qui forme l’avant-garde de la 2ème DIC, le poursuit sans relâche, l’obligeant à abandonner dans une fuite précipitée ses malades et ses blessés. Le 4ème RIC participe ensuite à quelques actions autour de Virginy et de Massiges en liaison avec la 3ème DIC et la 6ème Brigade.
Le 4ème RIC relève le 22ème colonial sur les hauteurs au Nord de Massiges et tient la garnison dans les tranchées en atten-dant la reprise de la marche en avant. Le 26 septembre les Allemands attaquent sur tout le front du C.A. principalement à Ville-sur-Tourbe et à la côte 191 (où se trouve le 4ème RIC). Les 1er et 3ème bataillons qui ont du céder sous le choc reprennent leurs tranchées, dans une belle contre-attaque puissamment aidée par l’artillerie et les unités du 2ème bataillon qui ont tenus leurs positions et fusillent l’ennemi à bonne distance. Mais la journée coûte cher; 2 officiers et 67 hommes sont tués, 31 sont portés disparus et 174 sont blessés. L’ennemi laisse sur le terrain 4 000 tués ou blessés et 300 prisonniers.
Le 6 octobre, 400 réservistes arrivent au corps. Le 12 octobre, le 4ème RIC est relevé pour aller au repos à Hans. Le 16, le Commandant présente le drapeau aux réservistes, devant tout le 4ème RIC rassemblé au monument de Valmy.
Le 4ème RIC qui n’est resté que 4 jours au repos remonte en ligne. Le secteur est assez calme. Mais le 28 octobre l’artillerie ennemie se réveille et envoie des obus 210, blessant plusieurs officiers.
Le 28 décembre, le 4ème RIC partant de la «Main de Massiges» attaque les tranchées de la Verrue au nord-ouest de la côte 191. Par très mauvais temps, le 4ème RIC se lance à l’attaque, à 11h30. Cette action permet à un petit détachement de prendre pied dans les tranchées ennemies et de conserver cette position toute la journée. Mais à la nuit tombée, ils doivent se retirer. Au cours de cet assaut le 4ème RIC a subi de lourdes pertes, car les mitrailleuses allemandes ont fait beaucoup de dégâts. Depuis le 20 décembre la 4ème B.I.C. a perdue 1200 hommes.
Le temps devient affreux et le secteur plus calme.
A partir du 1er janvier 1915 l’artillerie française mieux approvisionnée en munition harcèle constamment l’ennemi. Le 4ème RIC fait un large emploi des mortiers de tranchées et ne laisse aucun répit à l’ennemi. Les Allemands ne voulant pas affronter la lutte à découvert, commencent la lutte sous terre. Le 9 janvier, l’ennemi fait sauter une mine à la côte 191 à quelques mètres des tranchées du corps colonial y creusant un profond entonnoir. Des deux côtés on amorce un boyau pour occuper l’entonnoir et on se fusille d’un bord à l’autre. Un grand nombre des soldats du corps colonial sont blessés et il faut renoncer à occuper l’entonnoir et se contenter d’en interdire l’accès. Il pleut presque constamment, les bataillons en ligne dans la plaine sont plus tranquilles, mais aussi plus mal installés car leurs tranchées sont pleines de boue et d’eau.
Le bataillon DUCHAN très fatigué, est relevé pendant 4 jours par un bataillon du 23ème RIC. Lorsqu’il reprend sa place, il entreprend aussitôt la construc-tion d’une mine pour faire sauter les avancées allemandes de la côte 191.
Du 10 au 18 janvier, des pluies persistantes rendent la situation de plus en plus difficile. Une partie du 4ème RIC est obligée d’évacuer ses tranchées inondées qui ne sont plus tenables. Le 29 janvier au soir, il est relevé en entier pour aller au repos à Courtemont pendant 6 jours.
Explosion et cratère de mine
Le 1er mars, tempête de neige. Le 3, retraite précipitée des Allemands ce qui permet la capture de 10 000 prisonniers et de nombreux canons et mitrailleuses. Le 7 mars, la 4ème B.I.C. appuie une vaste attaque entre la côte 116 et 198; il attaque le Bois Sabot où l’ennemi s’était solidement fortifié. Il s’empare des tranchées ennemies au nord de Beauséjour. Le 8, les hommes repoussent à la baïonnette une contre-attaque puis ajoutent 200m à leurs gains de la veille. Du 9 au 12 mars les positions sont consolidées. Le 13, prise d’une tranchée allemande et du Bois Sabot. Le 24 mars, à 9h, les Allemands déclenchent une attaque à la balle explosive contre le fortin. A 21h, le 22ème RIC qui occupe le secteur au Nord de Beauséjour est relevé par le 4ème RIC. Le mouvement dure jusqu’à 4h du matin.
Désormais le 4ème RIC va prendre place à l’extrême gauche du C.A. en ligne de Beauséjour. La 9ème compagnie (3ème bataillon) est laissée en réserve dans le ravin de Beauséjour, les 3 autres compagnies du bataillon sont réparties dans le secteur : la 11ème Cie à droite est appuyée au fortin en lien avec le bataillon LAMY, la 10ème Cie au centre, la 12ème Cie à gauche appuyée au 81ème (secteur au ravin des cuisines)… A l’arrivée dans le ravin de Beauséjour, la vallée est bombardée par l’artillerie lourde allemande. Les tranchées des premières lignes sont remplies de cadavres entassés dans le fond et le parados. Les hommes décident d’enterrer les cadavres et de faire un nouveau parapet et cela malgré le feu permanent.
Le 30 mars 1915 le 24ème colonial vient relever le 4ème RIC qui va au repos à Hans. Louis, semble, pour le moment, être passé aux travers de goutte, mais pour combien de temps ?
Début avril 1915, le général de l’armée allemande reprend l’offensive. L’artillerie allemande recommence le bombardement intense du fortin de Beauséjour. Le 5 avril, le bataillon reçoit l’ordre d’aller occuper le secteur de Beauséjour, il quitte Hans à 16h30. En passant une crête entre Hans et Margessoul, il est aperçu par l’ennemi qui occupe la côte 191. Le bataillon essuie le tir de l’artillerie lourde qui oblige à attendre la tombée de la nuit dans une vallée. Il arrive à la borne 16 vers 21h .
Le 12 février une violente tempête de neige s’abat sur les tranchées. Le 16 février, les Allemands reprennent le fortin. Le 22 février, à 16h, l’assaut est donné et le fortin est enlevé. Le 23, la bataille reprend avec une intensité extrême, mais nous devons abandonner nos positions.
Le 4ème corps tient, avec le 17ème, le secteur entre Mesnil les Hurlus et le Bois Sabot. Le 25, arrivée à Minaucourt des 1er et 2ème bataillons du 4ème RIC chargés de faire, avec le 2ème bataillon du 22ème RIC, une nouvelle attaque du fortin. Il est repris le 27 par le 3ème RIC et le 2ème bataillon du 22ème RIC (qui était en réserve), mais les pertes sont sévères. Le 22ème perd 1 251 h., et le 3ème RIC, 900 h.
Bois Sabot
Le parcours dans le boyau qui relie la borne 16 aux tranchées est excessivement difficile car les hommes s’enlisent dans une couche de boue de 50 cm. Vers 2h la relève est achevée. Le 6 avril le bataillon est occupé à la réfection des parapets, des tranchées et au nettoyage du boyau de communication.
Le 7 avril, léger chambardement des tranchées de premières lignes. Ce jour-là, un déserteur allemand fait prisonnier prévient d’une attaque projetée pour le lendemain sur le front de Beauséjour. Ses affirmations sont tellement précises que des ordres sont donnés pour la recevoir. Effectivement, le 8 avril, l’attaque ennemie se déclenche vers 17h, les hommes, qui se trouvent dans le secteur du fortin dans les tranchées de première et le boyau B1, essuient une vive canonnade. Vers 18h, les Allemands sortent de leurs tranchées pour sauter dans les tranchées de premières lignes. Une fusillade intense éclate, la 12ème Cie repousse les Allemands à coup de baïonnettes dans leurs tranchées. A droite, le bataillon LAMY repousse lui aussi l’attaque et l’artillerie déclenchée achève de mettre le désarroi dans leurs lignes. Mais l’ennemi réussit à pénétrer dans les 2 tranchées tenues par la 8ème Cie et parvient à tuer et à capturer tous les défenseurs. Les Allemands ont réussi à s’emparer d’environ 250m de tranchée au fortin.
Ces tranchées doivent être reprises. Le 4ème et le 22ème RIC sont désignés pour exécuter l’assaut. Le commandant LAMY lance aussitôt une contre-attaque qui échoue. Des barrages de sacs de terre sont montés pour arrêter l’avance ennemie. Dans la nuit une 2ème contre-attaque est déclenchée. Mais dans l’obscurité de la nuit, il est difficile de coordonner les efforts. De plus, il fait un temps épouvantable ce qui n’arrange pas les choses. La pluie est diluvienne, il fait froid et il y a de fortes bourrasques de vent, et pour finir les tranchées sont inondées, et les hommes couverts de boue. Les boyaux pleins de boue ne rendent pas l’approche facile, les Allemands seront néanmoins refoulés d’environ 40 m.
Le 9 avril, le 4ème RIC attend le jour pour lancer une 3ème attaque, montée avec le concours de l’artillerie lourde et l’artillerie de campagne et soutenue par une compagnie du 22ème colonial. L’ennemi, assailli à la grenade et à la baïonnette, s’enfuit, abandonnant leurs morts et leurs prisonniers. Au cours de cet assaut, 6 hommes seront tués, 9 portés disparus et 42 seront blessés. La ligne est rétablie intégralement, mais le marmitage des obus de 77 sur nos tranchées des premières lignes se déclenche aussitôt occasionnant des pertes sensibles parmi nos soldats. Au cours de cette journée de bataille, dans le secteur de Beauséjour, 45 hommes seront tués et l’on comptera 50 disparus et 174 blessés. Les escarmouches se poursuivent ainsi au cours des mois d’avril et de mai.
A partir du 1er juin, la 2ème division est retirée du front et mise au repos vers St-Étienne-au-Temple puis à partir du 7 juin après un transport par V.F. mise au repos dans la région de Ferrières. Le 15 juin, transportée par camions dans la région de Pomméra la division alterne repos et instruction. A compter du 5 juillet, suite à un mouvement vers Halloy-lès-Pernois, elle participe à des travaux en alternance avec des sessions d’instruction. À partir du 14 juillet, transportée par V.F., de la région d'Amiens vers celle de Vertus elle poursuit l’alternance repos et instruction. À partir du 22 juillet, elle retourne en Champagne, vers Somme-Vesle, puis fait mouvement vers Valmy. Le régiment après avoir rapidement organisé son bivouac, est employé aux travaux effectués dans cette région: ouverture de boyaux d'accès et d'évacuation de 7 à 8 kilomètres de long, aménagement d'emplacements de batteries, etc….
La 2ème D.I.C. revenue en ligne occupe l'arrière-zone de son ancien secteur. Les unités de la 4ème B.I.C. sont employées à l'équipement du front, en vue d’une l'offensive d'ensemble.
Les bataillons travaillent la nuit à l'aménagement des boyaux d'accès et d'évacuation, et en dernier lieu, à l'ouverture des parallèles de départ. Concurremment avec ces travaux, la mise au point de toutes les dispositions à prendre pour l'attaque, est réglée dans ses moindres détails: reconnaissance et répartition du terrain, dotation des unités en matériel d'armement et d'équipement, en vivres, etc. Les travaux sont terminés le 18 septembre.
Les réglages d'artillerie avec coopération l’aviation commencent au début de septembre; la préparation, entamée le 22, se continue les 23 et 24; l'artillerie allemande riposte assez faiblement; le 25, à 9h15, l'attaque se déclenche; un brouillard épais, puis une pluie fine allaient gêner dans de très fortes proportions l'aide que l’infanterie pouvait espérer de l’artillerie.
La 4ème B.I.C., composée des 4ème et 8ème R.I.C. a pour mission d’enlever des éléments de la «Main de Massiges»: le médius et l'annulaire. Les vagues successives de la brigade franchissent le ruisseau de l'Étang, au pas, presque alignées, et sans grandes difficultés; mais I'action de nombre de mitrailleuses que l’artillerie n'a pu détruire se fait sentir dès que les assaillants abordent les pentes. Le 8ème enlève son objectif pied à pied, tandis que, sur l'annulaire, le 4ème R.I.C. est bientôt obligé, en raison de ses pertes, de cesser le combat à découvert, et de s'emparer à la grenade et successivement des éléments de boyaux et de tranchées, où l'ennemi oppose une résistance farouche.
Le 26 septembre, la 2ème D.I.C., après une lutte très violente, s'empare, à 15 h, de la Verrue, et y prend plusieurs centaines d'Allemands. L'attaque reprend le 27, la 4ème B.I.C. achève la conquête du plateau de la Verrue pour faciliter la progression de la 3ème D.I.C. Le 28, la 4ème B.I.C. reprend son attaque; à 13 h, les allemands battent en retraite, abandonnant 2 canons, un nombreux matériel et près de 300 prisonniers; mais, d’autres unités échouent devant le bois de la Chenille.
Cependant, le 1er C.A.C. reprend l'attaque; mais elle est infructueuse. L'offensive n'était pas encore terminée. Les premiers jours d'octobre sont consacrés à l'aménagement du terrain, au creusement de nouveaux boyaux, de nouvelles places d'armes et de nouveaux parallèles de départ.
Le 6 octobre, après une préparation d'artillerie de 2 jours, plus faible car plusieurs batteries lourdes ont quittées le secteur, l'attaque se déclenche; il faut rejeter l'ennemi de la crête comprise entre Maisons-de-Champagne et le bois Chausson, et se rendre maîtres des tranchées allemandes s'étendant entre la crête sud-est de la ferme Chausson et la route de Sainte-Menehould à Vouziers.
Le résultat espéré n'avait pas été atteint. Si le 1er C.A.C. avait enlevé la Main-de-Massiges et fait près de 2.000 prisonniers, il avait payé ce succès par la perte de 8 000 h. et des 2/3 de ses officiers supérieurs. Pendant tout le mois d'octobre, il va organiser le terrain conquis, soumis au feu violent d'une artillerie qui a été considérablement renforcée et lui cause journellement de grosses pertes. Puis l'ennemi redevient agressif; il cherche à reprendre le terrain perdu; le 30 octobre une attaque allemande partant du bois Marteau et accompagnée d'un violent bombardement échoue devant nos mitrailleuses.
Le soir du 25 septembre 1915
Louis Marius TROMPETTE décède le 6 novembre 1915, tué à l’ennemi, sur les hauteurs de Massiges aux environs du Mont Tétu, Bois de la Chenille (Marne). Il avait 33 ans.
Bois de la Chenille
Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu de sépulture. A-t-il été abandonné sur le terrain, et enterré à la va-vite par les troupes allemandes ? A-t-il été enseveli dans un bombardement ? Son corps n'-a-t-il pas pu être identifié ? Comme beaucoup, son corps n'a probable-ment pas pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps. Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et anonyme placé dans une fosse commune, un ossuaire, peut-être dans le cimetière de guerre dans les environs du champ de bataille, peut-être dans l’un des 8 ossuaires de la Nécropole nationale de La Crouée à Souain ou à celle du Pont de marson à Massiges.
Son décès est porté sur le registre d’état-civil de la commune de Carcassonne à la date du 13 juin 1916.
Absent du monument aux morts de Trèbes, son nom est gravé sur le monument aux morts du hameau de Montredon – Commune de Carcassonne et sur la plaque du souvenir, square de l’armistice, dans cette même commune.
Vue du Champ de Bataille de la "Main de Massiges"
Le 3 novembre, l'ennemi attaque le mont Têtu; grâce à l'emploi de flam-menwerfen, utilisés pour la première fois, il s'empare du sommet de la position, mais en est chassé dans la soirée par les grenadiers du 8ème R.I.C. Il renouvelle son attaque le 4, et la réussit et repousse toutes les tentatives de reprise du 4ème R.I.C. La 6ème brigade coloniale, au repos à Courtemont, est appelée, et, dans la journée du 5, réussit, après des combats d'une extrême violence, à reprendre une partie de nos anciennes lignes; du 30 octobre au 6 novembre, la 2ème D.I.C. avait perdu 600 hommes. Louis TROMPETTE est de ceux-là.