Pascal Fernand, fils de Laurent et de Marie-Anne DOUMENC, est né le 28 avril 1881 aux Issards, petite commune située dans le département de l’Ariège à 10 km à l’est de Pamiers, qui s’étale sur un plateau d’une altitude moyenne de 310 m.
Ses parents, cultivateurs, nés dans cette commune s’y sont mariés en 1877. Il est le second enfant d’une fratrie d’au moins 6 enfants (dont Baptiste Élie né en 1893) qui par la suite se déplace vers l’est (Brugairolles, Mazerolles, Ferran, … ). Elle est domiciliée à Mazerolles (Aude) à l’époque où, en 1901, Pascal est convoqué au conseil de révision à Alaigne, il y exerce le métier de métayer.
A la suite de ce Conseil de révision, son n° matricule au recrutement est le 1394 /Narbonne, au cours duquel il a été déclaré apte. Il accomplit son service militaire au 100° R.I. à Narbonne à partir du 18 novembre 1903 jusqu’au 18 septembre 1904. Il avait été ajourné en 1902 pour état de faiblesse généralisée.
Il se marie vers 1905 avec Julie COUMÈS (née à La Cassaigne).
Il reprend son métier de cultivateur et on le trouve à Cournanel en 1908, Cépie en 1912, Carcassonne-Grazail-les en 1913 et à Preixan, domaine de la Combe en 1914.
Il décède le 7 (ou 8) septembre 1915 à Souain - Perthes-les-hurlus (Marne)
A la mobilisation, il rejoint le 22ème Régiment d’infanterie coloniale, le 5 août 1914. Il est affecté à la réserve, le 42ème RIC, qui est né avec cette guerre. Sa création à peine ébauchée, quand les évènements se précipitèrent: le 22ème RIC lui fournit des cadres. Les diverses opérations pour la formation du régiment se poursuivirent à Marseille, à l'Ecole de Commerce, transformée en caserne. Au 8ème jour de la mobilisation, après un travail acharné, l'ébauche était devenue réalité; le 42ème R.I.C. était constitué de 2 bataillons, à l'effectif total de 30 officiers et 2.254 hommes. Il entrait dans la composition de la 149ème brigade et de la 75ème division de réserve. Les 240ème et 258ème régiments d'infanterie de réserve complétaient la brigade. Le 9 août, le 42ème était mis en route, par étapes, sur Avignon, point de concentration de la division. Il cantonne à Morières (Vaucluse), du 13 au 20 août, période pendant laquelle il perfectionne son instruction.
Embarqué à Avignon le 21 août, il débarque à Dugny/meuse la nuit du 22 et dès l'aube, le régiment va stationner à Génicourt. Le 24, il marchait à l'ennemi signalé sur l'Ornain vers Buzy. Cette prise de contact ne coûte qu’un seul blessé. Le véritable baptême du feu devait être reçu le lendemain. La nuit a été calme; l'ennemi, incertain des forces qu'il avait devant lui, s'est fortifié sur ses positions. Le 25, dès 4h30, il reprend le contact pour dégager les abords de Saint-Jean les Buzy. Le 1er bataillon s'engage. La progression, malgré des renforts successifs, est vite arrêtée par un ennemi très supérieur en nombre; aucune artillerie ne le soutient. Accrochées au terrain, les unités subissent des pertes importantes; les 3 compagnies du 2ème bataillon, seule réserve du régiment, alimentent la ligne de combat et fixent l'ennemi sur ses positions.
La situation devient critique; le feu de l'ennemi redouble de violence, le bataillon continue à s'user sans pouvoir avancer; aucune réserve n’est à portée. Enfin la 56ème D.I., entrant en ligne vers 9h30, dégage le régiment. L'ennemi éprouve des pertes considérables, sa pression s'atténue, puis il entame un repli par échelons. Le 1er bataillon, très éprouvé, reste sur le terrain pour recueillir les morts, les blessés et se reposer; le 2ème bataillon se porte sur Aucourt avec la 56ème D.I. L'attaque concentrique, bien préparée par l'artillerie, permet d'atteindre facilement l'objectif vers 16h30. L'ennemi se retire précipitamment; le terrain de la lutte est couvert de tués, de blessés, d'armes et de munitions ...
Par la suite le régiment est très sollicité comme tous les régiments coloniaux. (voir en annexe : Parcours du 42ème RIC durant la première année de guerre, du 26 août 1914 au 30 septembre 1915)
A compter du 1er aout 1915, et pendant 7 semaines, le régiment allait remplir des tâches relevant du Génie, au nord-est de Suippes. Notamment pendant les nuits des 24 au 25 août et du 25 au 26 août. le C.A. a exécuté sur tout son front des travaux d'avance particulièrement délicats à accomplir. Grâce à la parfaite discipline et, grâce au sang-froid des troupes, les tranchées ont été établies, malgré des pertes sensibles. La surprise a été complète. Le général commandant le 2ème C.A.C. a adressé aux unités qui ont pris part à ces opérations l'expression de sa satisfaction pour le résultat obtenu et pour le bel effort qui a été donné. La 1ère ligne, en 2 semaines, est passée d’une distance de 1.000 m des tranchées allemandes pour s’en rapprocher jusqu'à 200 m et moins; Le développement des tranchées et boyaux creusés, en ces 2 semaines, en avant de l’ancienne première ligne, représente un total de 15 km... C’est au cours de ces travaux, le 8 septembre que Pascal a été touché.
LA 2ème BATAILLE DE CHAMPAGNE (25 au 30 sept. 1915)
La longue et fatigante préparation de l'offensive était terminée; l'heure était venue de quitter la pelle et la pioche pour fixer la baïonnette au fusil et aller sus à l’ennemi. Le 42ème R.I.C. prenait, le 23 septembre, ses emplacements avec 6 compagnies en 1ère ligne et 6 compagnies de soutien. La journée du 24 septembre est employée à l'exécution de toutes les mesures de détail que comporte une grande opération. L’artillerie commence un violent bombardement des lignes adverses à 2 reprises; vers 13h et à 17h., où il redouble d'intensité. L'artillerie ennemie répond assez faiblement.
25 septembre: Le régiment prend son dispositif d'attaque à 2h ; les 2ème et 3ème bataillons constituent la 1ère vague dans la parallèle de départ; le 1er bataillon forme la 2ème vague dans les tranchées de 1ère ligne. A partir de 6h, l'artillerie donne à son tir le maximum d'intensité; à 9h45, le signal est donné. L'ensemble du régiment, s'élance sur les objectifs assignés, traversent la 1ère ligne ennemie pendant que des hommes sont laissés en arrière pour attaquer les défenseurs ennemis restés dans la tranchée et annihiler les mitrail-leuses. Le régiment continue à se porter en avant, enlève la tranchée de 2ème ligne, marque un temps d'arrêt pour mettre un peu d'ordre à ses formations et reprend ensuite sa marche vers les 3èmes lignes en passant par la corne ouest des bois C.5, C.8, en chassant de ces bois les défenseurs ennemis qui prennent la fuite. Arrivé aux bois U.21, U.22, le 3ème bataillon s'empare d'une batterie de 3 pièces de 105 se trouvant entre les bois U.24 et la tranchée de la Kultur.
A ce moment, l'artillerie lourde française exécute un tir violent sur les tranchées ennemies de troisième ligne. Ce tir trop court, constitue un barrage infranchissable et le régiment est obligé de prendre position dans les bois U.21, U.22 et corne sud de U.2. Le tir dure jusqu'à 15 h; les défenseurs ennemis se sont repris et, aux premières manifestations d'activité, ripostent par un feu violent d'infanterie et de mitrailleuses. Les éléments du régiment désorganisés par les pertes, ne recevant aucun renfort, s'installent sur les positions conquises, ayant à gauche le 53ème R.I.C. et à droite une liaison assez précaire avec la D.I. marocaine. Le régiment, installé sur ses positions, y passe la nuit sans autre incident qu'une alerte causée par un feu très vif vers 19 h. A 22 h, il reçoit comme renfort le 1er bataillon du 2ème Régiment Étranger.
Le 26 septembre, il continue l'aménagement de ses positions; mais l'ennemi, qui a reçu des renforts, semble s’être ressaisi; il nous occasionne des pertes par un feu combiné d'infanterie, de mitrailleuses et d'artillerie.
Le 27, même situation. Le régiment reçoit au cours du bombardement des obus à gaz lacrymogènes. Le 28, une attaque générale des positions allemandes est faite par le 6ème corps, le régiment a pour mission de tenir sur place.
Le 29, légère modification dans les emplacements occupés. Le 30, ordre est donné de s'installer au bivouac O.
Les 1er et 2 octobre, le 42ème RIC part pour une destination inconnue.
La seconde bataille de Champagne est terminée pour ce régiment et si dans son ensemble elle n'a pas donné les résultats escomptés, le 42ème R.I.C. y a néanmoins tenu le rôle qui lui était dévolu et les pertes sont lourdes: 8 officiers tués, 14 blessés, près de 1.100 hommes tués, blessés ou disparus « attestent qu'il n'a reculé devant aucun sacrifice pour obtenir la décision souhaitée » selon le JMO.
Fernand Pascal CAHUC est tué à l’ennemi à Souain, aujourd’hui commune de Souain Perthes-les-hurlus, au nord de Suippes, le 7 (ou le 8 selon le registre matricule) septembre 1915, durant les travaux de préparation de la seconde bataille de Champagne, il avait 34 ans.
Il n’est pas possible de vérifier avec le J.M.O., celui-ci étant absent des collections des archives militaires.
Son petit frère Baptiste Elie a été tué à l’ennemi, un an plus tôt, le 1 novembre 1914 à Wyschaete en Belgique.
Aucune sépulture n’est connue. Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu de sépulture. A-t-il été abandonné sur le terrain, et enterré à la va-vite par les troupes allemandes, a-t-il été enseveli lors d’un bombar-dement, son corps n'a-t-il pas pu être identifié ? Comme beaucoup, son corps n'a probablement pas pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps. Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et anonyme placé dans une fosse commune, un ossuaire, peut-être dans le cimetière de guerre dans les environs du champ de bataille. Pascal est peut-être inhumé dans La nécropole nationale de Souain «La Crouée» qui est située à la sortie du village sur la RD 77 en direction de Sommepy-Tahure. Cette nécropole, d'une superficie de 60 ha, rassemble 30 732 sépultures dont 9 050 corps seulement ont pu être identifiées et dont 21 688 sont répartis en 8 ossuaires.
Son décès est porté dans le registre d’état-civil de la commune de Preixan (Aude) à la date du 8 décembre 1915.
Son nom est gravé sur les Monuments aux morts de Trèbes et de Preixan. Pourquoi l’est-il à Trèbes ?
La nécropole de Souain "La Crouée"........................ et l'un des ossuaires