Louis Marius COURRIÈRE 1891/1917

 

Secrétaire d'Etat-Major

zouave en 1917

Louis Marius COURRIÈRE, fils de Gontran et de Marie ESCANDE, deux trébéens, est né le 28 mai 1891 à Castelnau d’Aude où son père était en poste comme instituteur.

Lors de son conseil de révision à Carcassonne-ouest, vers septembre 1911, il exerce le métier d’employé de banque, à Carcassonne et réside à Carcassonne. Il est déclaré « bon pour le service » et porte le matricule n° 493/Carcassonne.

 

Il effectue son service militaire à partir du 1er octobre 1912 à la 19ème section des secrétaires d’Etat-major, affecté en Algérie (à Alger) où il arrive le 17 octobre 1912 jusqu’au 6 novembre 1914.


Affecté au 2ème régiment de zouaves (RMZ), le 7 novembre 1914. Louis Marius rejoint son régiment alors que celui-ci est à l’est de Compiègne, devant la forêt de Laigue depuis le 12 septembre.

 

Le 2ème RMZ s’était arrêté, fin septembre, à quelques centaines mètres de la ferme de Quennevières, d’où l’ennemi pouvait distinguer ses mouvements. Une attaque fut pres-crite pour le 30 octobre dans la direction générale de la ferme des Loges; le 2ème Zouaves ayant pour objectif la ferme et les tranchées en avant du bois Saint-Mard. Le 30, la résistance acharnée de l’ennemi ne permit qu’une faible progression. L’attaque reprit le 31, à 4 h. Protégés par l’obscurité, les zoua-ves du 5ème bataillon s’élancent impétueusement à l’assaut, approchent à 80 m de la ferme et l’enlèvent la baïonnette.

 

Les camarades du bois Saint-Mard avaient aussi progressé de 200 m. Cette affaire, qui privait l’ennemi de 2 observatoires importants avait coûté la perte d’un  officier et 80 hommes.     

une section du 2ème RMZ à l'attaque

 

Cette victoire n’avait pas éloignée suffisamment l’ennemi; il s’était maintenu dans une position puissante appelée «Le Champignon», près du bois Saint-Mard, où se déroulait une guerre de mines impitoyable. Le régiment reçut donc l’ordre de donner de l’air à tout le secteur. Tel fut le but assigné à l’attaque du 21 décembre 1914.

L’action devait être menée par 4 bataillons: à droite, le 1er  et le 11ème du 2ème Zouaves; à gauche, deux bataillons du 2ème Tirailleurs, soutenues par le 3ème bataillon du 42ème  RI sont chargées de s'emparer de l'"Ouvrage du Barbu" ainsi que de la position du "champignon"


Depuis plusieurs semaines, des places d’armes avaient été aménagées et des munitions accumulées; mais, de son côté, l’ennemi n’était pas resté inactif; il avait renforcé ses réseaux de fil de fer, augmenté considérablement le nombre de ses mitrailleuses et de ses canons. L’attaque allait être périlleuse et très dure.

 

Le 21 décembre, à 2 h, quelques hommes du génie plaçaient quelques charges explosives sous les défenses ennemies, coupaient les fils de fer à la cisaille et se faisaient tuer héroïquement. A 7 h, toute la ligne partait à l’assaut. Le premier bond permettait d’enlever le Champignon, et de prendre pied dans la première tranchée allemande. Certaines compagnies, prises sous une grêle de balles et d’obus devant des fils de fer intacts, étaient forcées de s’arrêter à quelques mètres de l’ennemi et de s’y créer en hâte un médiocre abri. Tout à coup, une violente explosion se produit, à hauteur de la position tenue par les français. Que s'est-il produit exactement ?  S'agit-il d'une explosion de mine ou d'une sape que les Allemands avaient préalablement préparée (le secteur étant dès cette époque déjà parsemé de souterrains creusés de part et d'autre par les troupes en ligne). Il reste difficile de répondre avec certitude à ce jour. Cette explosion met en tout cas un terme à la résistance à l'"ouvrage du barbu", qui est définitivement perdu pour les Français. Les derniers survivants sont faits prisonniers.

 

Les hommes du 2éme Zouaves poursuivent le combat. Le 22 décembre, l’ennemi contre-attaquait violemment, en usant d’une avalanche de grenades et de minenwerfer, rejetant les zouaves des positions chèrement conquises. Le 23, le général commandant le secteur prescrit de reprendre à tout prix la tranchée perdue la veille. Ils repartent à l’assaut et, grâce à la vigueur et à la rapidité de leur action, reprennent en entier la position de la veille. Trois fois l’ennemi contre-attaque avec grenades, minen, lance-flammes; trois fois il est repoussé mais, vers 15 h, sa supériorité devient telle, que les survivants sont obligés de revenir à leur point de départ du matin. 

 

Aussi, le 25 décembre, l’objectif principal fut confié au 42ème R.I.; le 2ème Zouaves avait pour mission de reconquérir la tranchée déjà 2 fois conquise et perdue.   

 

 

Mais les efforts combinés des fantassins et des zouaves devaient rester vains; une contre-attaque acharnée les rejette définitivement de la grande tranchée allemande. Le Champignon seul est conquis.

 

Pendant ces 6 jours de combats acharnés, les zouaves avaient perdus 11 officiers et environs 900 hommes. Le JMO du 2ème Zouaves ayant disparu, il reste difficile d'établir une statistique précise et détaillée des pertes réelles. Louis Henri semble être sorti idem de ce combat. 

 

Le 6 juin 1915, la 73ème brigade (2ème Zouaves et 2ème  Tirailleurs) et la 121ème brigade s'élançaient à l'assaut. Le 1er bataillon du 2ème Zouaves devait s'emparer des 2 lignes de tranchées allemandes; le 11ème enlever la Bascule, si le succès couronnait les efforts du 1er Bataillon. Le 5ème restait à l'arrière pour assurer la garde des positions de départ.

 

A 10 h, après une bonne préparation d'artillerie, les zouaves partaient irrésistiblement à l'attaque avec les derniers obus de 75. L'ennemi fut complètement surpris et n'eut pas le, temps de se mettre en garde; en moins d'un quart d'heure le 1er  bataillon avait atteint tous ses objectifs et dirigé sur l'arrière de nombreux prisonniers. Voyant le succès de leurs camarades, les hommes du 11ème bataillon s'ébranlaient à leur tour, à 11h30, avec la même impétuosité. Malheureusement, l'ennemi avait eu le temps de s'alerter et de se préparer au combat; la préparation d'artillerie, plus faible sur ce front secondaire, avait laissé intactes les défenses accessoires et, dès les premiers mètres, le feu des mitrailleuses ennemis couchait sur le sol des lignes entières de tirailleurs. L'attaque progressa néanmoins jusqu’aux abords immédiats des fils de fer, où une lutte acharnée s'engagea à la grenade.

 

Le lendemain, les 1er et 11ème bataillons partaient pour un repos bien mérité. Mais le commandement ne voulut pas rester sur ce demi-échec, et le 5ème  bataillon dut se tenir prêt à attaquer vers la Bascule le 15 juin, avec un bataillon du 2ème Tirailleurs, et deux bataillons du 42ème d'Infanterie. L'ennemi avait amené des renforts; nos préparatifs ne lui échappaient pas. Averti vraisemblablement de la date assignée à notre action prochaine, il renforçait son artillerie, exécutait une préparation formidable et attaquait le 14 au soir avec la dernière vigueur. Le 5ème bataillon souffrit beaucoup; et globalement réussit à maintenir intactes ses positions. L'opération prévue pour le 15 fut reportée au 16.

 

Après une action de détail exécutée pendant la nuit, zouaves, fantassins et tirailleurs partent à l'assaut, à 6 h; les bataillons du 42ème pénètrent dans les lignes allemandes, les zouaves s'emparent d'un saillant des tranchées ennemies. Peu à peu, le feu ininterrompu de l'artillerie allemande disloque les troupes victorieuses. La liaison avec le 42ème est compromise; ce régiment, soumis à un combat corps à corps, où l'ennemi, mieux ravitaillé, prend le dessus, abandonne successivement les tranchées conquises. En fin de journée, les zouaves seuls avaient maintenu leurs gains contre les contre-attaques.

 

Les combats du 6 au 16 juin avaient coûté cher au régiment: 25 officiers et 1.250 hommes. Un fois encore, miraculeusement, Louis Marius est sain et sauf. Les fanions du 1er et du 11ème bataillons recevaient la croix de guerre avec les motifs suivants :

- le 1er bataillon « Pour l'élan … qu'il a montré dans l'attaque du 6 juin et la façon remarquable dont il s'est servi de la baïonnettes grâce à quoi il a infligé des pertes sévères … ».

- le 11ème bataillon «S'est porté avec le plus beau courage à l'attaque d'un point d'appui fortement organisé, a subi de grosses pertes …, sans ralentir son élan».

 

Un mois après, le 8 juillet 1915, le 2ème Zouaves quittait le secteur qu'il venait de défendre avec tant d'acharnement depuis septembre 1914. Dans le petit triangle formé par Tracy-le-Mont, le bois Saint-Mard et Quennevières, il avait perdu 1.500 blessés et 1.050 morts qui attestaient qu'il n’avait pas ménagé ses sacrifices.    

 

Le 1er octobre 1915, le régiment était définitivement relevé et envoyé près de Dunkerque pour un long repos.

Il avait perdu 32 officiers et 1.513 hommes Quelques semaines après, le Général Joffre venait épingler au drapeau la croix de guerre

« Le 2ème régiment de marche de zouaves a préparé par un travail acharné son offensive de Champagne. S'est emparé le 25 septembre, avec un élan que n'a pu briser le feu meurtrier ennemi, de 3 lignes de tranchées et d'un bois fortement organisé. A poussé, le 26, une nouvelle attaque, prenant à l'ennemi 4 canons et un important matériel. Est resté en ligne jusqu'au 1er octobre sous un feu très dur d'artillerie lourde, organisant énergiquement et solidement le terrain conquis »   

 

Le 2ème RMZ ne retourne au front qu'à partir du 15 février 1916 et il est présent dans le secteur de la Cote Poivre et en première ligne le 24 février avec l'ordre de reprendre la forêt de Wavrille, mais compte tenu de son passage devant la commission de réforme du 1er mars 1916, il est peu probable que Louis Marius soit présent, au front, à cette date…  

 

 

 

Le 2ème RMZ reste dans ce secteur tout l‘hiver et le printemps 1915 alternant garde des premières lignes et périodes de repos.

 

Pendant les premiers mois de 1915, l'inégalité entre les armées française et allemande avait diminuée. Le matériel français s'était considérablement accru et, à Beauséjour comme à Arras, peu s'en était fallu que les armées alliées réussissent à percer le front de l'ennemi.

 

Pour opérer une diversion et chercher à prendre d'ennemi en défaut, le commandement prescrivit une attaque importante sur le plateau de Quennevières.    

 

Le haut-commandement venait de décider une attaque importante en Champagne sur un front, de 25 km environ, et avait accumulé sur ce point toutes les ressources matérielles, encore insuffisantes d’ailleurs, dont disposait l'armée. La 37ème division était placée pour coopérer à cette trouée que tous espéraient.

 

Le 30 août 1915, le régiment prenait position en première ligne et commençait à préparer par un travail acharné son offensive prochaine. Les travaux de terrassement à faire étaient énorme, les lignes françaises étaient séparées des allemandes par plus de 800 m; il fallait donc créer des parallèles de départ à 200 m de l'ennemi, creuser des places d'armes, des boyaux de communication, des abris de toutes espèces. Pendant 1 mois, les zouaves manièrent la pioche avec acharnement sous le feu de l'ennemi. Les Allemands de leur côté, au courant de nos préparatifs, renforçaient leurs fils de fer, augmentaient la densité de leurs troupes, le nombre de leurs canons et de leurs mitrailleuses. Le terrain se prêtait admirablement à la défense; c'était une série de larges ondulations offrant des glacis de vaste étendue et quelques boqueteaux qui s'érigeaient en blockhaus formidables.

 

La journée du 25 septembre 1915 fut désignée pour le commencement de l'offensive; le 2ème Zouaves avait pour mission de s'emparer d'abord de la première position, c'est-à-dire de 3 lignes de tranchées très fortement organisées et de plusieurs bois qui avaient reçu les noms de bois Volant, bois Y, bois N, bois Raquette,... puis de pousser sur la dernière position constituée par la crête organisée de Védégrange pour atteindre les rives de la Py.

 

A 9h15, les 3 bataillons du régiment s'élançaient d'un seul bloc à l'assaut. Malheureusement, les fils de fer et les mitrailleuses de première ligne étaient presque intacts ! Dans les 200 mètres qui séparaient nos lignes de la première tranchée allemande, le régiment perdit 24 officiers et 1.100 hommes; cela n'arrêta pas son élan. Les survivants enlèvent d’un bond 3 premières lignes allemandes, traversent sans arrêt le bois Volant le bois Y et dévalent sur le bois N. Dans le seul bois Volant ils avaient pris 4 canons, fait 300 prisonniers et, de l'aveu d'un officier allemand, anéanti 5 compagnies du 107ème saxons. Mais la prise de ces bois venait encore d'imposer au régiment des pertes sensibles. Les hommes étaient dispersés. La capacité offensive du régiment, privé de chef, était atteinte pour un temps.

 

La nuit du 25 au 26 fut employée à former 2 groupes de combat: l'un de 400 hommes et l'autre de 200 hommes, et le 26, à 12h15, les zouaves repartaient à l'assaut avec autant d'entrain que la veille. Sous un tir de barrage, ils enlevaient les derniers boqueteaux encore occupés par l'ennemi et s'installaient sur la dernière crête avant la deuxième position allemande. Un glacis de 900 m séparait les zouaves de la parallèle de Védégrange fortement tenue; il ne fallait pas songer à l'attaque sans l'appui de l'artillerie et de troupes fraîches.

 

Le 27, le 1er bataillon du 130ème RI, est mis à la disposition du 2ème RMZ et, à 14h30, zouaves et fantassins repartent une 3ème  fois à l'assaut. La mitraille faisait rage, mais rien ne semble pouvoir briser l'élan de ces hommes La 2ème  position allemande est prise.

 

Il ne fallait plus penser à poursuivre l'attaque. Sous les tirs incessants de la grosse artillerie, les survivants du  2ème Zouaves éprouvaient à chaque instant de lourdes pertes.    

 

Il y a tout lieu, malgré l’absence du JMO pour le prouver, que Louis Marius Fernand COURRIÈRE ait été blessé à la tête par un éclat d’obus entre le 25 septembre et le 1er octobre, lors de la bataille de Champagne. Evacué, hospitalisé et trépané, il semble avoir été hospitalisé jusqu’au 19 décembre 1916.

La commission de réforme de Lyon nord décide le 1er mars 1916 de l’affecter aux services auxiliaires.

Il est effectivement affecté aux services auxiliaires le 20 décembre 1916 (A quelle unité ? A-t-il rejoint son unité ? sa fiche matricule est muette sur ces points).

 

Il n’a probablement jamais rejoint son affectation.

 

Louis Marius COURRIÈRE meurt le 29 mars 1917 à son domicile à Maquens (hameau de Carcassonne) d’une maladie ( ?) due à la trépanation, suite à sa blessure par éclat d’obus à la tête.

 

Il est inhumé à ?, puis son corps transféré dans le cimetière communal de Trèbes.

 

Son décès, qui est porté dans le registre d’état-civil de la commune de Carcassonne à la date du 29 mars 1917.

 

Son nom est gravé sur la plaque de l’église de Maquens (Carcassonne).

Plaque de l'Eglise de Maquens (Carcassonne)

 

 

Cimetière de Trèbes